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La demeure éternelle met en scène la confrontation entre deux générations, deux sortes d’hommes :
Dallas Hardin, le Mal incarné, obsédé par l’argent et complètement insensible à la valeur d’une vie
humaine, impose à tous sa volonté par la force et la ruse, protégé par l’impunité que lui confèrent son
audace et sa cruauté. Nathan Winer, jeune et forte tête, travaille de ses mains, qu’il a costaudes, pour
se nourrir, ainsi que sa mère : son père a disparu un beau matin de 1933 quand le gamin n’avait que 7
ans.
Dix ans plus tard, William Tell Oliver, le vieux ramasseur de ginseng qui a vu ce qui s’est
réellement passé le jour de la disparition de Winer père et n'a rien dit sur le moment, essaie de se
racheter en protégeant le fils. Longtemps le jeune homme ignorera que son père a en réalité été
abattu par Hardin, parce qu’il refusait que celui-ci planque sur ses terres l’alcool frelaté dont il faisait
commerce.
Ce qui oppose Nathan à Hardin, au début, a davantage à voir avec une jeune fille, Amber
Rose, qu’il ne parviendra pas à arracher aux griffes du maquignon.
La pauvreté alliée à la rudesse du climat et des moeurs dans cette Amérique de 1943, la prolifération
du mal grâce à l’argent qui ferme les yeux de la Loi, la soumission des femmes et la lâcheté des
hommes, tous les ingrédients du noir sont ici réunis, convergeant vers une issue inéluctable.
Un polar âpre aux accents d'Ellroy et de Faulkner
Hardin est le mal incarné, s'immisçant comme un serpent dans l'antre conjugal, étouffant petit à petit la morale et prenant la place du mari en attendant que celui-ci meurt. Alors que les soldats revenus d'Europe ne trouvent un répit que dans son repère malfamé, il prend sous aile le jeune Winer, un voisin dont il a impunément et secrètement tué le père dix ans plus tôt.
Sous les yeux d'un vieil homme protecteur et accompagné d'un voyou encombrant nommé Grande-Gueule, le jeune Winer cherche sa place dans le Tennessee rural des années 40, seul soutien d'une mère épuisée par l'absence du père.
Âpre et magnifique, ce roman s'inscrit tout droit dans la tradition de la littérature américaine du Sud, de ces voix puissantes qui viennent des profondeurs et parlent des hommes avec un arrière-goût métallique de terre et de sang.