En cours de chargement...
" Comparer l'écoute du discours de l'analysant à celle de la musique baroque dans ce qu'elle recèle de plus spécifique à savoir : la fugue, c'est inviter le lecteur à une promenade sans but apparent ou du moins sans qu'un but ne se dessine avant même que la promenade soit terminée. Ainsi donc, empruntant un chemin, puis un autre, au gré des parallèles effectués entre la dynamique psychique inconsciente et la dynamique musicale baroque, le lecteur, à l'instar de l'analyste, se surprend à modifier son itinéraire selon que celui-ci croise une route mieux tracée ou disparaît brusquement, comme une rivière souterraine, pour resurgir là où on ne l'attendait pas.
Et c'est déjà un parti pris de la part d'Anne Cadier que de témoigner de manière parfaitement authentique d'un certain type de disponibilité requise par l'écoute analytique, celle-là même qui porte attention à la sinuosité des intentions du discours et à la variabilité de sa profondeur (...). Si l'on insiste particulièrement sur la capacité de l'analyste à rester réceptif aux changements de tons du discours du patient relativement à la variabilité de la ligne mélodique horizontale et de la ligne harmonique verticale, c'est bien parce que Anne Cadier ne s'est pas simplement contentée de la mettre en évidence grâce à l'apport si original de la fugue baroque, mais qu'elle s'est encore efforcée d'en témoigner elle-même à travers la composition de son texte et les modalités de son écriture.
En effet, le texte, tout comme un discours de séance, s'écrit lui aussi à plusieurs voix selon que l'auteur recourt à la théorie freudienne de la première topique, à l'histoire de l'art à la fois plastique et musical du baroque, ainsi qu'au fragment poétique qui contribue pleinement à la tonalité générale de l'ouvrage. "
Extrait de la préface de Marie-Claude Lambotte