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Le propre de l'art est, contradictoirement, d'exprimer le réel en le transfigurant : miroir de vies, il est en même temps créateur de mondes. Toute grande peinture, depuis la Renaissance, peut être rangée dans un cadre général qui définit son être essentiel ; ainsi, des peintres sont affectés par le tourment fécond de la mélancolie ; d'autres par la turbulence et le vertige créateur du non-conformisme ; certains sont travaillés par le démon de l'effacement ou encore par la recherche de l'instant lumineux ; d'autres, enfin, sont obsédés par la vacuité du néant ou inversement par la plénitude de l'être.
Mais tous, dans cette aventure, ont tenté de transfigurer diversement le réel et, à des titres divers, ont influé sur l'histoire de l'art en train de se faire. Il arrive que l'on puisse hésiter à ranger arbitrairement un peintre dans un seul cadre : des intentions et motivations essentielles coexistent en lui, on doit le reconnaître. Au total, son choix fondamental déterminant sa stratégie n'est pas exclusif, mais préférentiel ; par exemple, il fait le choix de la mélancolie plutôt que de la turbulence non-conformiste (ou l'inverse) ; il opte (ou l'inverse) pour la gloire de l'instant lumineux plutôt que pour le clair-obscur, la nuit ou le néant ; pour l'effacement plutôt que pour la quête de la plénitude de l'être.
Mais une tendance dominante l'emporte finalement chez l'artiste sur toutes les autres possibles.