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Les choses nous regardent et nous regardons les choses comme s'il existait une intime connivence entre la nature et l'homme. Fruit de cette connivence, un contenu de vérité se dépose toujours dans l'œuvre d'art. Il y a une métaphysique latente en tout art ; on peut même dire qu'il y a une dimension de sacralité ou d'épiphanie en tout grand art qui nous fait l'offrande de son aura. Certes, l'art a toute l'apparence d'un jeu, mais c'est un jeu très sérieux puisque dans son inlassable quête de l'originaire, il tente de dévoiler l'être.
C'est pourquoi, issus tous deux de la même source intuitive, l'art et la philosophie demeurent deux entreprises parallèles d'exploration et de fondation du réel, et toutes deux complémentaires. Le philosophe, de manière réflexive, parle de la nature qu'il tient à distance de ses concepts et de sa rationalité critique. Au contraire, déchirant la trame de cette objectivité, l'artiste fait parier et chanter les choses qui le regardent comme si elles sollicitaient de lui leur transfiguration.
L'art, en se rendant présent dans le réel, nous le rend plus précieux parce que plus habitable. C'est en raison de cette perpétuelle sollicitation - faire voir l'invisible dans l'enchantement du visible - à laquelle il répond généreusement, que l'art ne saurait mourir.