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Cet essai de Julien Benda a pour principal objet la dénonciation des "clercs" modernes (comprendre les penseurs en général, artistes, scientifiques ou philosophes) qui auraient trahi leur fonction au profit d'intérêts "pratiques" à travers les passions politiques, les nationalismes notamment. Il en appelle alors les clercs à revenir aux valeurs cléricales que sont la vérité, la beauté ou encore la justice, les seules qui soient à la fois rationnelles, statiques, désintéressées est à vocation universelle, c'est à dire humaniste dans la pensée de l'auteur. C'est un appel à ne pas se soucier uniquement du temporel mais de revenir au spirituel sans nécessairement que ce soit dans le cadre d'une religion. La philosophie, l'art ou la science (non la technique, tournée vers l'utilité) en deviendraient presque des spiritualités laïques C'est surtout un appel à conserver nos idéaux avant qu'il ne se dilue dans nos passions individuelles de nation, de classe voire encore de race pour certains. Et notre époque semble avoir grand besoin d'idées comme celles là, tant il reste des clercs, des penseurs autoproclamés qui ont trahi leurs valeurs.
L'hommage à Epicure
Ce classique des classes de Latin est aussi d'une grande richesse poétique et spirituelle
D'abord parce que le parti pris n'est pas de nier l'existence des anciens dieux (ou du Dieu des 3 religions abrahamiques) mais de rejeter la crainte du châtiment divin qui cristallise dans les superstitions pour rendre à l'individu les clefs de son existence, sans oublier pour autant que Liberté rime avec Responsabilité.
Ensuite parce qu’il s'agit d'un des rares ouvrages ou la quête de la Vérité s'allie à la quête de la Beauté et c'est ce qui en fait toute la singularité. On pourrait le décrire comme un essai philosophique et scientifique présenté sous la forme d'un long poème épique. Ainsi l'intuition de l'atomisme côtoie les références au panthéon des Anciens, l'Histoire de l'Univers fait suite à Homère et l'analyse de la psyché humaine renvoie aux états d’âme des dieux.
Enfin, parce qu'il donne une des plus formidables leçon de vie qui soit: l'enseignement d'Epicure à qui Lucrèce rend clairement hommage. Accepter la mort, ne plus en avoir peur, mais en échange profiter de l'instant présent, "cueillir dès aujourd'hui les roses de la vie", tel est le fond de pensée de l'épicurisme. Il ne faut pas confondre cette doctrine avec l'hédonisme, la course effrénée au plaisir qui apporte en retour plus de souffrances que de soulagement. L'objectif à atteindre, c'est l'ataraxie, la tranquilité de l'âme qui se traduit plus par une absence de malheur qu'une course au bonheur. C'est cette philosophie lumineuse que l'on retrouve dans le Carpe Diem d'Horace et même dans l'expression swahili Hakuna Matata!