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À découvrir
Gaël Faye, rappeur de talent, est la révélation de cette année 2016. Il nous offre avec son premier roman Petit Pays un texte magnifique, sensible et pudique.
Il nous raconte l’histoire de Gabriel jeune garçon, fils d’un français et d’une mère Tutsi rwandaise réfugiée au Burundi. Il vit dans un quartier d’expatriés, protégé des troubles et des tensions qui agitent la région. Son quotidien c’est les jeux dans le quartier avec ses copains, voler des mangues dans les jardins des voisins. Mais nous sommes en 1994, le Rwanda va s’enflammer et le Burundi à sa suite. Le temps
de l’innocence est alors bel et bien fini...
Roman d’une grande justesse, Petit Pays est assurément un des plus beaux romans de cette rentrée littéraire 2016, à ne surtout pas manquer.
Dans ce roman construit uniquement à partir de dialogues, l’auteur parvient à nous embarquer dans la folle virée à moto de Scrofa, ancien soldat en rupture de ban et Anastasie, nièce d’un de ses frères d’armes. De ces années passées à l’armée, cet homme est sorti brisé avec le sentiment d’avoir été trahi par les siens. Traumatisé, ce personnage complexe où percent le philosophe, l’anarchiste et le prophète se lance dans une incroyable vendetta. Anastasie fascinée par cet homme charismatique ne peut retenir la soif de vengeance qui ronge celui qu’elle aime.
Souvent
vulgaire, brutal et fou, Scrofa est malgré tout un homme touchant, broyé par la vie qui ne voit d’avenir que dans la vengeance et son autodestruction.
Erik L’Homme dont la bibliographie est déjà riche de nombreux livres jeunesse, fait une entrée fracassante dans la littérature adulte.
Déchirer les ombres, se lit d’une traite, la tête dans le guidon. On en sort décoiffé et déchiré par le destin tragique de ces deux amants.
Comment peut-on prouver qu'on est innocent quand tout nous accuse et surtout comment peut-on échapper à la vindicte populaire ?
C'est à travers l'histoire de Gustavo et de l'erreur judiciaire dont il est victime que Mathieu MENEGAUX décrit avec finesse les rouages de la justice qui, rendue par les hommes, porte en elle leurs faiblesses et leurs défauts. Mais c'est aussi une illustration de la violence, de l'aveuglement que représente la justice populaire qui s'exprime dans les médias et les réseaux sociaux.
Ce livre d'actualité amène une réflexion intéressante sur comment nous
jugeons aujourd'hui.
Roman de l’absence, absence de la mère qui a laissé un vide immense au sein de cette famille d’anonymes. Une femme du voyage qui n’a pu se limiter au village et aux frontières et qui malgré son fils est partie. Elle laisse un père dans l’incompréhension la plus totale. Son fils quant à lui part en quête du mystère que constitue sa mère, mais il le fait à sa manière.
Court texte, juste une parenthèse, ce livre d’une très grande poésie, à l’écriture délicate, vous laisse un goût étrange dans la bouche, mais après plusieurs bouchers vous ne pourrez plus vous en passer.
Dans ce magnifique texte Jeanne Benameur nous prouve que la qualité d'un roman ne se mesure pas à son épaisseur. C'est en effet en peu de pages qu'elle nous livre l'histoire de cette femme et de sa fille des gens de peu, de peu de mots, voire de pas de mots du tout, qui sont unies par un lien puissant, quasi animal, une sorte d'instinct. Dans ce cocon qui les abrite, l'éducation de la petite constitue une menace, et l'enfant fera de son mieux pour y échapper et conserver la connexion avec sa mère.
Bref, dense, à l'écriture poétique, les Demeurées est à coup sûr un roman magnifique
qui fait l'éloge des mots et de leur puissance.
Tangvald est sans doute un nom qui ne vous évoque plus grand-chose aujourd’hui. Ce n’est pas un homme qui a marqué l’histoire mondiale, ni un athlète qui a remporté de nombreuses victoires. Peter Tangvald était tout simplement un homme libre qui a choisi de passer sa vie en mer. Ce livre n’est pas une hagiographie et on peut dire que la personnalité de cet homme peut difficilement le faire passer pour un saint, mais le destin houleux de cet homme et de sa famille ne peut vous laisser insensible. Souvent tragique et magnifiquement raconté par Olivier Kemeid, qui a brièvement croisé la route de la famille Tangvald, on sort de ce roman déchiré entre admiration, détestation mais c’est surtout la peine qui nous reste car la mer libère de tout, et de la vie aussi.
Peu de dates de l’histoire de France ont vraiment pénétré la conscience populaire. Le 14 juillet 1789 avec la prise de la Bastille par le peuple de Paris en est une. Et du peuple il en est bien question dans ce roman d’Eric Vuillard.
Son récit nous replonge au cœur de ce que fut cet événement insurrectionnel, où pour la première fois, loin des grands hommes, le peuple français est rentré dans l’Histoire. Leur redonnant un nom, une personnalité, Eric Vuillard, nous amène à suivre les petites gens de ce Paris révolutionnaire, entre confusion, peur et joie. Rendant sensible
l’atmosphère de cette journée historique et de ce Paris populaire, ce roman écrit avec beaucoup de justesse ne ravira pas seulement les amateurs d’histoire.
N’hésitez pas.
L’histoire de ce livre est déjà un roman.
Heinrich Gerlach, soldat allemand durant la seconde guerre mondiale, a participé à la bataille de Stalingrad. Fait prisonnier par les russes, il écrira ce roman avec ces codétenus. A sa libération, les russes lui confisquent son manuscrit et il faudra attendre la chute du mur et la déclassification des archives russes, après la mort de l’auteur pour qu’un éditeur remette la main sur ce livre et le publie.
Ce roman est d’une force incroyable, non seulement parce qu’il nous apporte un témoignage (romancé) de première main d’un
homme placé du mauvais côté de l’histoire, nous dépeignant la bataille de Stalingrad comme personne, mais aussi car il décrit de l’intérieur ses hommes pris entre l’obéissance, le patriotisme, l’endoctrinement, le fanatisme, et les désillusions…
La seconde guerre est une période qui interroge, notamment sur la nature humaine et ce livre apporte un nouvel éclairage sur ces hommes qui ont subi ou qui ont choisi de suivre ce régime criminel. On sort de ce récit avec un regard neuf sur cette période, un livre à découvrir absolument…
Roland Barthes, l’éminent sémiologue, figure du milieu intellectuel français des années 70, est renversé par une camionnette de blanchisserie alors qu’il se rend au Collège de France. Voilà la stricte vérité, mais Laurent Binet imagine que cet accident n’en est pas un et la fiction commence.
Bayard, un flic un peu réac, va devoir enquêter dans cet univers inconnu pour lui. Pour se frayer un chemin dans les eaux troubles de l’intelligentsia française et internationale, il recrute Simon, un jeune philosophe de gauche.
Embarquez dans une enquête folle et loufoque où l'on y
croise Umberto Eco, BHL, Sollers… Vous voyagez de Rome aux Etats-Unis, des saunas gays aux salles de l’Elysée, pour finalement découvrir cette fameuse septième fonction du langage qui serait à l’origine de la mort de Roland Barthes.
Extrêmement drôle et bien mené, ce livre vous fait passer un excellent moment, il serait dommage de s’en priver.
"Medicine Walk"
« Des fois, les choses tournent mal. Quand elles arrivent dans la vie, on peut presque toujours les régler. Mais quand elles arrivent à l'intérieur d'une personne, elles sont plus difficiles à réparer. »
Eldon est un père qui a abandonné son fils, son alcoolisme l'a détruit et se sentant proche de la mort il appelle son enfant qui n'en est plus vraiment un pour lui demander son aide pour aller mourir sur la terre des ancêtres. Ce sont donc ces quelques jours, les derniers pour Eldon, que nous retrace ce roman.
C'est un roman pudique et d'un grande justesse, à la fois transmission d'une tradition, une évocation de la nature sauvage berceau de ce peuple, mais c'est surtout l'histoire de ce père qui se raconte à son enfant sans fausse pudeur.
Richard Wagamese, aujourd'hui décédé, révèle dans ce premier roman traduit en français tout son talent.