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Isabeau n'a pas encore complété son profil
*** Il faut passer les 3 premières nouvelles particulièrement sombres et déstabilisantes, pour apprécier ce recueil empreint à la fois de fascination et de crainte pour ce désert américain où a grandit l'auteur : maisons closes, villes fantômes, casinos... Les nouvelles content des tranches de vies historiques ou contemporaines dans l'Etat du Nevada dont la devise est "battleborn" (né de la bataille), titre anglais de l'ouvrage et lien entre les nouvelles. Les paysages durs mais incroyablement beaux donnent aux personnages une forme de grâce. Tous nés ou vivant des situations violentes
essaient de sortir de la souffrance et de la destruction pour continuer à avancer, amenant parfois une destruction plus grande. "Je travaille sur la déstabilisation [...]. J'écris sur des gens dans un endroit précis, et je les laisse s'inquiéter de leur situation". L’auteur sonde ainsi de manière implacable mais avec une grande subtilité l’âme humaine. Une écriture toujours au bord de l’effroi ou de la ferveur où transparaît une amertume venue de la rudesse de ces contrées. Plus qu'une carte postale, c'est un univers émotionnel que propose l'auteur.
Dans "moi, Jean Gabin", Elle, c'est Goliarda Sapienza romancière de l'Art de la Joie (chez Viviane Hamy) et actrice de théâtre. Dans les années 30, la petite Goliarda voue un culte à Jean Gabin incarnation du désir et de l'insoumission dont elle va voir les films au cinéma. Elle s'identifie à lui moralement et physiquement ; il guide les actes quotidiens de sa vie. "Essaie de vivre libre, toi, tu verras le temps qu'il te reste pour dormir" dit cette enfant sans concession qui n'a pas la langue dans sa poche. Goliarda Sapienza n'est pas une gamine comme les autres. Elle ne va pas à l'école pour éviter l'endoctrinement fasciste. Elle fait son éducation chez elle ou dans les ruelles colorées et puantes du quartier populaire de Catane en Sicile. Elle est issue d'une famille d'intellectuels, ses frères lisent des poèmes à table, font de la musique , sa mère lui parle asservissement de la femme et amours libres. Dans son environnement, les femmes s'habillent en noir, prient et font frire toutes sortes de délices. Goliarda, elle, quête des petits boulot pour payer ses places de cinéma. Ecrit dans les dernières années de sa vie, cette autobiographie radieuse laisse peu entrevoir les horreurs que la famille a subies du fait de ses convictions socialistes radicales. On croise un marionnettiste, une voleuse, des marchands, des enfants gâtés de familles conservatrices, tous vus à travers le regard de cette petite fille qui se perd dans ses pensées. Ce texte est tout à la gloire de l'enfance, du rêve d'être à tout jamais glorieux dans sa nudité même.
Un grand moment de plaisir
L'auteur voulait un roman pour lecteur exigent mais aussi pour lecteur hésitant. Pari gagné ! Ces 670 pages se dévorent, et le style est à la hauteur. Mais ce roman c'est avant tout un grand moment de plaisir. On suit Marcus auteur d'un 1er roman à succès qui sèche sur son prochain livre. Lorsqu'un meurtre vieux de 30 ans mettant en cause son ami, professeur et écrivain Harry Québert lui remet le pied à l'étrier. Roman mordant sur l'Amérique contemporaine, réflexion sur la littérature et sur la question "comment construit-on un bon roman?", il y a du Philip Roth dans la critique de l'Amérique, il y a du John Irving dans la description des jeunes années universitaires du héro. Le livre est construit comme un feuilleton. On regrette de l'avoir terminé tant on a eu plaisir à la retrouver. Magistral ! Addictif !