En cours de chargement...
À découvrir
Sarah LivrOns-nOus n'a pas encore complété son profil
Il est question d'amour, dans ce court récit, et de celui, improbable et pourtant pas si incroyable d'une lycéenne pour l'un de ses professeurs. L'arrivée de ce jeune enseignant solaire et passionné dans le quotidien de Rachel bouscule tous ses rapports à autrui. Elle se heurte très vite à deux obstacles : ses parents, et notamment son père, aigri et colérique, qui considère sa fille comme une débauchée, et Babette... la copine de Thomas. Entre trahisons, réconciliations, mensonges et peines de cœur, Rachel est ballotée sur la mer des sentiments comme un radeau en pleine tempête...
Ce
qui surprend dès le début de cette nouvelle est le style de l'auteur, très métaphorique et poétique, d'ailleurs pas toujours simple à lire. La langue est très orale, comme dans Effroyable Jardins (lu l'année dernière également dans le cadre du challenge ABC) ; les phrases déstructurées et les respirations là où on ne les attend pas. Je suis persuadée que ce titre est particulièrement intéressant à lire à voix haute grâce à ce rythme décalé, mais aussi - et surtout - en raison de son aspect très visuel, très théâtral. C'est ce dont il est question, me direz-vous !
« Ça m'a fait vlan au creux de la poitrine, du chaud aux joues, un picotis partout partout et une bête envie de pleurer... »
J'ai beaucoup apprécié les multiples références théâtrales et culturelles en général qui parsèment le récit, ainsi que la puissance de l'écriture. Mais mon impression globale à l'issue de cette lecture est cependant la lassitude, probablement à cause du style qui, bien que riche et original, se prête mal à une lecture d'une seule traite. Au final, il est difficile pour moi de mettre une appréciation car j'ai trouvé dans cette nouvelles autant d'éléments positifs que négatifs. Dans l'ensemble cependant, je n'ai pas été séduite par ce texte au style très (voire trop ?) particulier, que j'ai trouvé nettement moins réussi et percutant qu'Effroyable Jardins, même si je reconnais -et salue - une fois encore l'inimitable style de Michel Quint.
Pour raconter un peu ma vie (car je ne raconte jamais assez ma vie !), sachez que la lecture d'une BD de Bastien Vivès est pour moi un exploit car je suis allergique à son univers, et même à son trait depuis que j'ai lu Le goût du chlore, que j'ai trouvé absolument médiocre sur tous les plans (mais ce n'est que mon opinion personnelle, hein). Tout ça pour dire que ce n'était pas gagné, mais que cette bande dessinée ne m'a pas complètement déplu, je suis forcée de le reconnaître.
Il y a quelques jours, j'ai découvert l'impertinent Tumblr BayDay Leaks, qui me fait beaucoup rire
parce que c'est bête et méchant. Si vous y faites un tour, vous apprendrez par exemple que "en l’absence de nouveautés, la série “Donjon” sera renommée “Oubliettes”", ou que "c’est par nostalgie que Lewis Trondheim a nommé sa collection Shampooing", bref, autant de fausses news croustillantes et cyniques à souhait. Quel est le rapport avec le 6ème "tome" des recueils de Bastien Vivès me direz-vous ? Et bien disons que le jeune auteur exploite le même filon, et signe une caricature acide des travers des auteurs de bande dessinée. Pour ce faire, tous les moyens sont bon : il n'hésite pas à imaginer un lui-même du futur, je-m'en-foutiste et désabusé. "Celui qui m'emmerde, eh bien je l'encule", selon ses propres termes.
Le Bastien Vivès du futur, à propos du Goût du chlore
Au sortir de cet album, on ne peut s'empêcher d'éprouver deux émotions contradictoires. La première est le sentiment de brièveté de ces quelques planches ; on arrive au bout si vite que l'on se dit : "déjà ?" et qu'on serait bien repartis pour 200 pages de plus. L'autre, plus insidieuse, est un vague malaise à l'idée qu'en ce moquant aussi ouvertement des ficelles du monde de la BD, c'est aussi au lecteur que Bastien Vivès s'en prend. Difficile de ne pas se sentir parfois comme le dindon de la farce... Néanmoins, je préfère rester sur l'impression positive que m'ont donné ces petites histoires hargneuses parfois vraiment très drôles !
Drôle et rafraîchissant !
Je poursuis doucement ma découverte du label 619 d'Ankama avec un titre qu'il n'a désormais plus besoin d'être présenté : 6 albums, trois séries dérivées et une autre en préparation, l'univers de Freaks Squeele fait des émules et séduit toujours autant. Il n'est pas difficile de comprendre l'engouement que cette série suscite lorsque l'on met le nez dans ce premier tome au caractère affirmé et riche en rebondissements.
L'idée n'est pourtant pas spécialement originale puisque l'université pour monstre/héros/sorcier a fait le succès d'histoires telles qu'Harry Potter ou X-Men ; le traitement humoristique et l'indéniable "touche Florent Maudoux" font en revanche de Freaks Squeel une série qui n'a pas de mal à se démarquer et à revisiter les codes du genre avec originalité et fraîcheur.
Les premières pages nous laissent à penser que les "héros" de l'histoire sont une belle bande de losers : Xiong Mao, une jeune femme peu expansive et dépourvue de pouvoirs, Chance, une adolescente enthousiaste et maladroite et Ombre, un loup-garou passé maître dans l'art... de passer inaperçu. Ce trio improbable se retrouve à travailler ensemble lors des travaux de groupes, et quels travaux ! Traquer un monstre ou se saisir d'un maximum de paréos, les épreuves se suivent et ne se déroulent jamais comme prévu...
Ce qui fait à mon sens la force de Freaks Squeele, c'est l'équilibre absolument fascinant qu'a atteint Florent Maudoux dans les mélange des genre : à la fois comics, manga et BD franco-belge, ce titre hybride joue sur tous les tableaux sans faux pas. J'ai apprécié l'utilisation partielle de la couleur (qui n'est pas sans rappeler le très drôle Chosp d'Alessandro Barbucci) qui permet de travailler à des ambiances très différentes. Le trait de Florent Maudoux est clair et précis, extrêmement dynamique (il n'y a qu'à regarder la case ci-dessous !), voire un peu trop : les mouvement trop rapides et les cases trop petites rendent parfois le récit un peu confus.
En dépit de ce petit bémol, Freaks Squeele est une bande dessinée qui m'a beaucoup plu, notamment grâce aux nombreuses références plus ou moins cachées et à l'humour omniprésent qui font de cet album un concentré de bonne humeur que je recommande à tous !