Au cours de ces dernières années, l'histoire du livre et de la lecture s'est affirmée comme l'un des domaines majeurs de l'histoire culturelle. Dans l'Empire ottoman, cette histoire prend une forme particulière car non seulement l'imprimerie en caractères arabes ne fait officiellement son apparition à Istanbul qu'en 1729, mais encore parce que, dans cet Empire, cohabitent des langues et des religions différentes. Les études ici réunies dressent un premier bilan du travail accompli par les historiens de la lecture dans l'espace ottoman. Elles permettent de confronter les différentes manières de concevoir et d'écrire l'histoire de la lecture, dont les avancées ne peuvent résulter que du croisement de l'érudition classique et des approches disciplinaires contemporaines. Elles parviennent ainsi, par touches successives, à évoquer les lieux de conservation (bibliothèques, medrese, türbe), à tracer une carte des usages de la lecture chez les musulmans de l'Empire, mais également parmi les différentes communautés, à dégager des modalités de la transmission des héritages intellectuels.