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La bibliothèque, haut lieu de l'histoire des femmes - comme la décrit si justement Michelle Perrot qui a bien voulu introduire ce dossier -, telle est la proposition que nous avons souhaité défendre et illustrer ici. Sans dénier le charme, le sentiment d'intimité avec le passé, la capacité à nous captiver, voire le plaisir sensuel que peut nous procurer l'archive, écrite ou orale, il nous a semblé opportun de mettre en lumière la richesse et la variété des ressources que la bibliothèque propose à l'historien, particulièrement dans un domaine - l'histoire des femmes - où les actrices sont réputées avoir laissé peu de traces.
De la fragilité de ces traces témoignent par exemple, au-delà des formules convenues de la correspondance privée, ces lettres de femmes du XVe siècle dont nous publions quelques extraits, qui laissent entrevoir non seulement les rôles sociaux, mais aussi les attachements conjugaux et familiaux, les émotions et tensions qui sourdent du quotidien. Témoignage rare, malgré l'omniprésence de la femme - dédicataire, mécène, parfois auteure - ou, pour mieux dire, des femmes - de la bergère à la princesse, de la sorcière à la sainte - dans l'iconographie du manuscrit médiéval.
Car si la parole des femmes est peu courante, presque exceptionnelle dans les premiers temps de l'édition, on ne peut qu'être frappé par leur forte présence dans l'illustration du livre comme dans la caricature et l'imagerie politique. Le corps de la femme et les vertus qu'elle est censée incarner se prêtent en effet remarquablement au message politique, comme le montrent les figures de la reine - maternelle, donc familière et bienveillante, médiatrice entre le peuple et le souverain - dans les entrées royales, ou les incarnations de la Nation et de la Liberté proposées par l'imagerie républicaine.