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Depuis une vingtaine d'années, le théâtre destiné à la jeunesse, qu'il soit français, francophone ou étranger en traduction française, a construit un répertoire d'une grande vitalité, modifiant en profondeur le paysage des écritures théâtrales et stimulant la création scénique contemporaine. Le présent volume explore comment la jeunesse correspond moins à une thématique qu'à un engagement dépassant le seul théâtre destiné aux jeunes et interrogeant à la fois le monde et le théâtre, la jeunesse et les adultes, soucieux de regarder le monde tel qu'il va depuis l'enfance.
Cela revient à essayer de comprendre en quoi la relation à l'enfance, de Bachelard à Deleuze, amène les différents acteurs du théâtre, et en premier les auteurs, à se positionner en termes à la fois éthiques et esthétiques, dans les soubresauts de l'histoire moderne questionnés par Adorno. C'est ce qu'explore et synthétise, après un panorama historique circonstancié, l'avant-propos de l'ouvrage, "Une part du théâtre qui s'ouvre à la recherche".
Les différentes réflexions proposées ensuite dans le premier chapitre s'attachent alors à développer l'approche éthique et esthétique, et in fine philosophique, tant d'un point de vue général que dans sa mise en oeuvre chez des auteurs et metteurs en scène. Le deuxième chapitre met en résonances cette approche philosophique avec des pratiques professionnelles et historiques diverses, de l'édition à l'endoctrinement politique en passant par l'animation.
Enfin, le troisième chapitre se consacre à l'analyse de quatre oeuvres théâtrales singulières qui jouent clairement à dépasser des frontières de sens (message et questions, traduction et trahison), de normalité (folie et sagesse) et de genres (album, image, poésie, musique). Se déploie ainsi la nécessité de penser le théâtre pour les jeunes dans des cadres qui ne l'enferment pas dans ses seules spécificités, mais l'ouvrent à une réception qui le porte plus loin.
