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Dans les sociétés traditionnelles, la frayeur est une des notions les plus communément rencontrées pour penser la maladie. En Afrique noire, les crises d'agitation sont parfois expliquées comme résultant d'une rencontre terrifiante avec un génie de la brousse. Chez les Quechua du Pérou, ce sont au contraire les états dépressifs qui sont expliqués par une frayeur (susto) ayant provoqué l'envol de l'âme du sujet.
On retrouve cette étiologie au Mexique, au Maghreb, en Malaisie... La frayeur est aussi une thérapeutique traditionnelle : les guérisseurs la déclenchent délibérément pour obtenir une métamorphose du sujet. Contrairement aux premiers écrits de Freud, actuellement la psychopathologie occidentale se protège de la frayeur — du moins dans les théories qui rendent compte des prises en charge. Il s'agit là d'une notion injustement négligée.
Ce numéro a donc pour objectifs de montrer l'importance de la frayeur pour comprendre nombre de pathologies de nos patients issus de cultures non-occidentales et pour les soigner. Mais aussi, de mettre en évidence la nécessité d'analyser minutieusement ce concept pour nos propres théories et nos techniques thérapeutiques. Nous publions ici, dans son intégralité, le texte de Gilles de La Tourette écrit en 1885.
C'est un texte princeps remarquable. Il décrit la maladie des tics et surtout, analyse avec une méthodologie ethnopsychiatrique avant la lettre, les liens entre le jumping américain, le latah malais et le myriachit sibérien (trois maladies de la frayeur).