Le Monde. Hors-série N° 57, avril 2017 - Grand Format

On parlait d'art ngre, d'art premier, d'art primitif ou d'art primordial, comme disait Andr Malraux, on parle maintenant d'art africain avec ou sans guillemets, on peut en dbattre sans fin, mais allons dj le regarder. Car il restera, en ce printemps, un symbole fort : aprs le succs de l'exposition Chtchoukine qui a merveill les amateurs d'art de Paris, la Fondation Louis Vuitton expose l'art contemporain africain.
Ou plut't la diversit des artistes africains, dans une exposition intitule Art/Afrique, le nouvel atelier, divise en trois parties par la commissaire, Suzanne Pag, directeur artistique de la Fondation Louis Vuitton : Les Initis, avec les Ïuvres de quinze artistes de la collection d'art contemporain africain de Jean Pigozzi, choisis en collaboration avec Andr Magnin, collectionneur, galeriste et tte chercheuse ; aetre l, Afrique du Sud, une scne contemporaine, qui montre travers seize artistes slectionns par Suzanne Pag et son quipe, la vitalit sud-africaine ; et enfin une slection d'Ïuvres africaines de la collection de la Fondation Louis Vuitton.
En soi, que la collection Pigozzi soit expose Paris est dj un vnement, puisqu'elle a sillonn le monde avant de s'arrter enfin dans la ville o elle a t conue et finance. Hritier et jet setteur, photographe et collectionneur, Jean Pigozzi a constitu en vingt ans une collection de 12000 pices d'artistes africains. Ou plut't il a eu la bonne intuition en visitant l'exposition Les Magiciens de la Terre en 1989 Beaubourg : c'tait en Afrique qu'il fallait aller chercher les artistes qui seraient connus demain.
Et il a trouv la bonne personne, Andr Magnin, pour aller dbusquer et acheter leurs Ïuvres. Il fallait y penser. Quant l'Afrique du Sud, elle bruisse travers des expriences artistiques diverses de la colre d'un pays qui cherche son avenir en exorcisant la violence de l'apartheid.