Le concept de transition des sciences humaines et sociales occupe une place centrale dans de nombreux travaux. Les textes de ce numéro englobent des contributions qui se réclament de disciplines aussi diverses que la psychosociologie, la psychanalyse, l'anthropologie, la psychologie interculturelle, la sociologie. L'intérêt de ce regroupement est évidemment d'apprécier les convergences, mais aussi les écarts liés soit à l'objet d'étude, soit à la démarche ou à la méthodologie adoptée, soit au degré de généralité des hypothèses. Le constat que l'on peut faire concernant le concept de transition et ses applications est que celui-ci est incontestablement transdisciplinaire, comme le sont les concepts d'organisation, de structure, de régulation, de crise, etc. Un des aspects ou indicateurs de la transition, sur lequel s'accordent l'ensemble des auteurs, est la consommation d'une rupture avec l'état de chose existant avant le déclenchement du processus transitionnel. Outre le principe d'inachèvement et d'incertitude inhérent à tout processus transitionnel, on peut faire l'hypothèse, à l'intersection des sciences physiques, biologiques et sociales, de l'irruption de phénomènes auto-organisationnels dans tout système vivant. Les éléments d'un système peuvent, selon les circonstances, s'auto-assembler, subir des attractions réciproques ou entrer dans les rapports de décomplémentarisation. Cette perspective ouvre la voie, sur le terrain des groupes ou des organisations, à des observations de nature à enrichir la problématique de la transition.