A force de lire beaucoup, j’attends à présent de mes lectures qu’elles me bousculent et m’étonnent, et c’est bien le cas avec ce nouveau titre de Sophie Divry, complètement inattendu. Et ouah, quelle énergie dans la narration et l’écriture !! Joseph Kamal vient d’être jeté dans une prison de région parisienne, après un braquage raté dans lequel son frère Tonio a trouvé la mort. Un peu naïf et déphasé, il est très vite confronté à l’extrême violence dont font à la fois preuve les autres détenus, mais aussi les gardiens. Quand soudain, une explosion nucléaire
rebat les cartes. Joseph Kamal profite du désordre pour s’échapper, quand d’autres décèdent autour de lui. Les survivants sont peu nombreux et partent pour la plupart à l’abri des radiations, dans la zone. Joseph, lui, choisit de s’enfuir dans l’autre sens, dès qu’il a conscience que son casier judiciaire le suivra toujours, et que s’inventer une nouvelle vie dans la zone est impossible. Il se retrouve alors dans un village de Causse, dans lequel il arrive peu à peu à se créer un abri, un foyer, entre son potager, le mouton qu’il a recueilli et sa chatte Fine. Mais la solitude est totale, et les vivres rares. Ce nouveau Robinson des temps modernes arrivera-t-il à survivre à ce naufrage d’un nouveau genre ? Il est peu de dire, donc, que j’ai été bousculée par ce dernier titre de Sophie Divry. Tout d’abord, par sa description presque intenable (réelle ?) du milieu carcéral. Le jeune Joseph, entraîné par son frère dans une voie qui ne lui correspond qu’à moitié, est confronté dès son emprisonnement à un broyage intégral de sa personnalité. Puis, il y a toute cette description de la survie post-apocalyptique qui là génère tout à coup un certain apaisement. On s’imagine quelqu’un survivre dans la zone interdite de Tchernobyl, on s’imagine la situation possible et l’empathie du lecteur naît peu à peu. Sophie Divry signe ici un roman à la fois extrêmement violent et d’une étrange beauté. L’écriture est rude, abrupte, pas forcément confortable, mais le propos est engagé et fort. Je recommande plus que chaudement.
Trois fois la fin du monde...
Deux frères, un braquage qui déraille, une balle et la mort qui les sépare pour toujours...Seul derrière les barreaux, pris à la gorge d'une violence carcérale qui le ronge au plus profond, joseph kamal a mis sa dignité au placard, humanité rampante en laquelle il ne croit guère plus, oppression d'un enfermement irrespirable.
Et puis, soudain...Une explosion !... Nucléaire...La délivrance?...Seul dans un monde, libre et sauvage, les veines emplies d'une sensation d'émerveillement permanent, joseph renaît peu à peu, dans la douceur, la solitude d'un monde, d'une nature sans hommes où la poésie claque sous les pas fébriles de la liberté retrouvée...Peux t-on vivre sans les autres ?
Un texte comme une expérience littéraire pleine de maîtrise, où l’écriture se fait caméléon, épouse au mieux les sensations parcourues, intensément abruptes puis tendrement délicates...
Sophie Divry pose un regard sur l'humanité, l'interroge, sonde les angoisses d'un monde contemporain, avec maestria, dans un grand roman, avec ce petit quelque chose dans la plume qui la fait grande, et nous gonfle d'un plaisir intense, qui vous percute par la seule puissance des mots.
Trois fois la fin du monde...Un Choc, et trois immenses raisons de s'y plonger !!