Un jour, un triste jour, à la mi-temps de son âge, une femme a la révélation de l'amour, de son plus grand amour. Un amour fou. Pour paraphraser Radiguet, cet amour, elle l'a reconnu au bruit qu'il fit en partant. Qui ? Son père. Un homme séduisant et séducteur, officier supérieur de l'armée française, ancien champion, athlète émérite qui a concouru devant Hitler, durant les funestes jeux Olympiques de Berlin. Alors tout revient à la mémoire de Jeanne, au chevet de son père. L'enfance rêveuse et tragique en Indochine à l'époque de l'invasion japonaise à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'internement, les tortures, les morts. Et puis les longues errances au long des îles que furent les colonies africaines de la IVe République. La présence d'une mère belle, douce, énigmatique. L'exil dans un pensionnat de jeunes filles digne de la terrible Maintenon. Les prémices, les esquisses du désir, du plaisir. Et, bien sûr, les larmes entre les sourires. Comme des gouttes de pluie. La musique de Nita Rousseau, pour évoquer ses paradis - et ses enfers - perdus, est voisine de celle de Duras. Ici tout est turbulences, douleurs et voluptés.