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XXe siècle
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fondamentalisme
Un premier roman extrêmement prenant que l'on ne lâche pas, d'une page à l'autre. Donald Ray Pollock sait trouver les mots pour décrire une Amérique profonde, glauque, perdue ou en perdition, des êtres animés par la foi mais poussés vers la mort, des comportements déviants générés par l'alcool, la guerre, les traumatismes de la vie. L'écriture est belle, forte et juste. Noire , certes, mais non dénuée d'humour. Puis cette histoire prend à la gorge et le lecteur, alignant les pièces du puzzle, se laisse embarquer dans la souffrance du jeune Arvin, dans les délires malsains du
couple sandy/carl, tueurs en série, dans la soif pédophile du pasteur Teagardin ou l'obscur besoin de pouvoir du shériff Bodecker. Tous les personnages sont unis par un même sentiment d'enfermement, comme s'ils ne pouvaient quitter ce lieu où ils sont nés, ancrés et où ils mourront, d'une façon ou d'une autre.
Dès les premières lignes l'auteur nous tient avec cette relation père/fils hors norme et l'on ne peut s'empêcher de plaindre et d'excuser l'amour fou et passionnel de Willard bien qu'il lègue à son fils Arvin une existence douloureuse en guise d'héritage. Lui-même comprend à la fin, dans une sorte de réconciliation posthume, ce qui a poussé son père à de tels actes. Les descriptions sont parfois crues, mais toujours voilées, ainsi en est-il des sévices subis par les autostoppeurs par exemple. Nul besoin de détails, ils sont parfois distillés ça et là au fil des pages mais c'est l'imagination du lecteur qui fait le reste et peint peu à peu le décor sombre et malfaisant des scènes.
On avance dans l'histoire, sans savoir où cela va réellement nous mener tant le diable semble mener la danse. La seule lueur d'espoir est un personnage: Arvin, porteur de la lumière sans doute, de la rédemption peut-être. Car la foi, la religion sont omniprésents dans ce roman. Mais la prédication décrite est loin de toute messe traditionnelle. Ici les fondamentalistes tuent, poussent au vice et leurs ouailles s'engluent dans une existence vide de sens. Pour cela on s'attache tout de suite à la famille d'Arvin, à la tendre grand-mère Emma, à la douceur et l'optimisme de Charlotte, à la naiveté de Lenora. Le lecteur a besoin de croire et Donald Ray Pollock nous en donne les moyens puis nous les reprend et joue avec nos sentiments.
Le titre est étonnamment bien trouvé car le diable est partout, y compris dans l'église (ici les brebis ne sont pas sauvées) , dans ces âmes corrompues, dans les comportements dépravés, comme si Dieu n'avait pas accès à cette région des Etats-Unis, mais il est aussi dans l'écriture qui nous fait apprécier un roman des plus noirs, espérant qu'une âme plus pure que les autres s'en sorte. Les destins des uns et des autres s'imbriquent, à des années ou des kilomètres d'écart, tout est pensé avec mesure.C'est diablement bien joué Monsieur Pollock !
Monstres ordinaires
Roman plein de crapules, de paumés, de personnages élimés par la vie, qui font le mal comme on contamine quelque chose de pur; la souillure s'étend jusqu'au dénouement qui marque la fin de ce canevas pourri fait de fils rouillés. Magnifique.