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Première dramaturge professionnelle en France, Marie-Anne Barbier est l'auteur d'une oeuvre riche et diverse. Ses tragédies, créées à la Comédie-Française, lui valent un succès d'estime et établissent son nom d'auteur. Son oeuvre lyrique et narrative prend place dans les débats qui marquent la Régence, notamment la Querelle des Anciens et des Modernes. Ses écrits poétiques et critiques lui permettent de jouer un rôle dans les réseaux littéraires de son époque.
Le parcours par lequel cette femme essaya de se créer une identité en tant que véritable auteur jette une lumière neuve sur la condition d'écrivain à cette époque charnière, passage entre le siècle de Louis XIV et le siècle des Lumières. Dans ses tragédies, Marie-Anne Barbier entame un dialogue avec ses prédécesseurs au moyen d'un jeu intertextuel poussé, qui fait apparaître la spécificité des tragédies écrites à cette époque "post-classique".
Par sa mise en scène de plusieurs femmes fortes issues de l'histoire antique, elle utilise la parole cornélienne et racinienne pour traiter une thématique compatible avec son souci déclaré de démontrer "la gloire de notre sexe". Son oeuvre relève ainsi, fondamentalement, d'une problématique de l'autorité : des autorités reconnues, qu'elles soient anciennes (sources antiques) ou modernes (nouveaux classiques), mais surtout de l'autorité discursive de Marie-Anne Barbier elle-même, femme auteur en quête de voix.
