Antisémite la France ? Depuis plusieurs années en tout cas, les juifs vivent de nouveau des temps incertains. Des synagogues et des lieux emblématiques du judaïsme sont brûlés, des enfants juifs persécutés à l'école, et des familles songent à rompre avec la France. " Maltraiter les juifs c'est maltraiter la France ", a dit Jacques Chirac. Si la résurgence d'un " parti antisémite " est une conséquence des événements du Proche-Orient et de leur terrible médiatisation, ce brutal et inattendu retour de la " question juive " a aussi des causes purement européennes et françaises. Affirmation identitaire et parfois violente de citoyens d'origine arabe confrontés à l'échec des politiques d'intégration, déliquescence du modèle laïc français, montée du communautarisme et d'un islamisme moyenâgeux, antiaméricanisme, hostilité, incompréhension voire haine envers Israël, effets collatéraux de la politique arabe obstinée du Quai d'Orsay... Comme à la fin du XIXe siècle, ou pendant les années 30, ce " nouvel antisémitisme " est induit par la crise sociale et nationale que répand la dernière vague de mondialisation. En bousculant " l'exception française ", elle expose dangereusement les juifs qui furent les heureux bénéficiaires de l'âge d'or de l'État-nation. Cette plaie à vif, béante, hideuse, honteuse, la France doit la soigner sauf à y perdre son âme. Cela suffira-t-il ? Voici, à nouveau, le destin des juifs lié à l'avenir d'une " certaine idée de la France ".