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Pendant douze jours nous avions été des compagnons inséparables, nous avions parcouru plus de cent vingt milles, gravi des hauteurs respectables et suivi notre petit bonhomme de chemin sur nos six jambes à travers rochers et marécages. Elle me portait un peu sur les nerfs sans doute, et j'avais parfois vis-à-vis d'elle des manières de grand seigneur. Après le premier jour je sus conserver mon sang-froid.
Et pour elle, pauvre âme, elle était patiente, elle avait des formes élégantes, une couleur d'un charmant gris-souris, et sa taille était petite à souhait. Ses défauts étaient ceux de sa race ; ses vertus étaient bien à elle. Adieu, et si c'est pour toujours... Le père Adam avait pleuré quand il me l'avait vendue ; après l'avoir vendue à mon tour, je fus tenté de suivre son exemple. Et comme je me trouvais seul avec le conducteur de la diligence et cinq ou six aimables compagnons de voyage, je n'hésitai pas à me laisser aller à mon émotion.
INVITATION AU VOYAGE
En 1878, un écossais de vingt-huit ans, protestant, francophile et francophone ''randonne'' du Monastier-sur- Gazeille ( Haute-Loire ) jusqu'à Saint-Jean-du-Gard, traverse le Velay, le Gévaudan ( encore hanté par la Bête ) et le pays des Camisards, but de son voyage, en compagnie de l'ânesse Modestine.
Ce sera pour lui, que l'on regarde avec curiosité et sympathie le plus souvent, l'occasion de rencontres mémorables ( les pères de la Trappe de Notre-Dame-des-Neiges ), de communion intense avec la nature, lui qui fuit l'artificialité du mode de vie de son époque ( inoubliable nuit dans la pineraie, chapitre 2 de '' Encore le Gévaudan'' ), la découverte de paysages beaux et rudes et d'horizons fabuleux, sans oublier ce pays des Camisards cher à son coeur, et ce, toujours dans un esprit d'ouverture, de paix et de tolérance.
Le récit se termine par un adieu bouleversant à celle qui fut sa compagne des bons et mauvais jours, l'inoubliable Modestine.