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Quel roman que celui de la longue relation - trois siècles - qui tant de fois attira, unit, opposa, réconcilia la Russie et la France ! La Russie, Etat-continent qui s'étend en Europe et en Asie, s'est toujours revendiqué puissance européenne. Et l'Europe, pour la Russie, fut d'abord et toujours la France. Celle de Louis XIV, des Lumières, de la Révolution et de l'Empire, des idées, de la langue, de la culture, de la liberté et de la puissance.
Durant trois siècles, cette France a fasciné tous les souverains Romanov, acharnés à s'en faire reconnaître, accepter, aimer, à se voir accorder le statut de puissance égale de la France. La France y opposa durablement méfiance et hostilité, voyant dans la Russie un pays attardé, barbare, étranger à l'Europe et dangereux, avant de s'y allier lorsque le puissant Empire allemand lui imposa ce tournant.
Durant trois siècles, la relation heurtée de ces deux pays a constitué une part essentielle de l'histoire européenne avant de sombrer dans le grand cataclysme de la Première Guerre mondiale. Cet ouvrage reconstitue cette longue relation franco-russe, il a aussi pour but d'en rechercher les constantes et peut-être un éclairage pour un présent inquiétant et difficile.
Le rêve européen de la Russie des tsars
Hélène Carrère d’Encausse nous apporte un éclairage précis, détaillé et synthétique (une prouesse) sur l’histoire des relations politiques entre la Russie et la France, du XVIIe siècle aux portes du XXe siècle. Chaque évènement, chaque protagoniste (Tsars, Tsarines, Rois, Empereurs, Présidents de la République, Ambassadeurs respectifs) sont si bien décrits que l’intégralité de cette histoire franco-russe est infiniment agréable à lire et à découvrir.
La Russie souhaite, dès Pierre le Grand, être intégrée à l’Europe, tant son admiration pour la France de Louis XIV, véritable puissance européenne, est immense. Durant trois siècles, la France ne cessera d’être admirée par la dynastie des Romanov, et ce, malgré l’erreur de Napoléon qui fait de la Russie son ennemie.
La Pologne, sans cesse envahie, soit par l’Allemagne, soit par la Russie, restera le pays de la discorde. La France lui donnant son autonomie. La Russie la revendiquant comme son territoire.
À la fin du XIXe siècle, deux autres Empires, allemand et austro-hongrois, ne cesseront d’attiser cette discorde pour empêcher toute alliance franco-russe. Ils mettront tout en œuvre, dans les conflits avec la Turquie et dans les Balkans, pour détricoter la grande réussite de Napoléon III : l’amitié franco-russe symbolisée par le majestueux pont Alexandre-III à Paris.
La fin est dramatique pour la Russie car la Révolution de 1917 n’apportera pas le bonheur au peuple russe, enrôlé dans l’idéologie communiste meurtrière. Et cette fin est tout aussi dramatique pour l’Europe qui se perdra dans une première guerre mondiale effroyable.