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Si un expert, antiquaire, chargé de cours à la Sorbonne, n'avait pas avoué à la police avoir lui-même organisé la réalisation de fausses chaises anciennes, qui saurait aujourd'hui que Versailles, s'est fait escroqué de près de 3 millions d'euros pour une demi-douzaine de sièges ? Si un corbeau n'avait pas attiré l'attention d'un juge français sur les qualités d'un Cranach de la collection Liechtenstein exposé alors à Avignon, saurait-on qu'une vingtaine de tableaux anciens, passés dans les salles de vente internationales, et pour l'un d'entre eux classé "Trésor national" à la demande des conservateurs du Louvre, sont suspectés ou se sont révélés être des faux ? Les affaires qui gangrènent aujourd'hui le marché de l'art sont l'occasion pour Jean Louis Gaillemin de revenir sur d'autres affaires récentes ou plus anciennes : la fausse tiare en or de Saïtapharnes achetée par le Louvre en 1896, ou les faux Vermeer de Van Meegeren achetés par les musées hollandais dans les années 1930.
Comment les plus grands historiens, experts, collectionneurs et directeurs de musées ont-ils pu se laisser berner ? Comment ont-ils pu y croire ? Tout l'art du faussaire est de présenter au bon moment l'objet passionnément désiré. Quels sont les ressorts psychologiques qui font du dupe une victime volontaire, voire un complice du faussaire ? Serions-nous "Tous des faussaires" en puissance ? Dans un monde où les musées remplacent les églises et l'art la religion, c'est le retour des fausses reliques toujours assez bonnes comme le "lit de Louis XVI" (commandé récemment par le château de Versailles à l'artisan même qui est à l'origine du scandale des faux sièges) pour berner les fidèles ? Et si La Joconde, à l'abri de ses vitres blindées n'était elle-même qu'un faux, une réplique en 3D, tout à fait suffisante en tous cas pour procurer au visiteur le plaisir furtif et coupable d'un clic sur son smartphone ?