Plongés dans l'univers brutal de la guerre du Viêt-nam, les GI's de Tobias Wolff ont toujours eu le sentiment d'avoir été précipités sur une autre planète. " Nous parlions toujours de ce que nous ferions quand nous serions de retour dans le monde ", se souvient Hooper, le vétéran usé de la nouvelle intitulée " Bonheur de soldat ". Retour au monde, c'est un ensemble de nouvelles où les personnages redécouvrent les nuances de la vie et le libre arbitre, continuellement tiraillés entre leurs désirs, leurs rêves secrets et la réalité. Ainsi, " Panne dans le désert, 1968 " présente un homme en route pour Los Angeles avec l'espoir de réussir dans le show-business, qui se retrouve parmi une équipe de cinéma douteuse et joue avec l'idée d'abandonner femme (enceinte) et enfant à une station d'essence en plein désert... Le père Léo, lui, figure centrale de " L'Absent ", apparaît comme un homme à la dérive : il voudrait être nommé en Alaska, il se retrouve à Seattle au milieu d'ecclésiastiques étonnamment vulgaires. Il s'évade alors de cet univers étroit grâce à l'homme qui l'aide à collecter des fonds pour l'église; mais à l'occasion d'un week-end à Las Vegas, celui-ci va disparaître avec l'argent. Le père Léo découvre avec effroi ce qu'il en coûte de s'investir dans la vie réelle. Le sens incisif de l'observation, la facture habile et élégante propres à l'oeuvre de Tobias Wolff donnent ici toute leur mesure dans ces récits subtils et souvent drôles.