Je le dis tout net, j'ai préféré ce roman au précédent "Mon traitre" du même auteur.
Plus fouillé, plus détaillé, plus psychologique, également, ce roman nous fait entrer de plein pieds dans le conflit en Irlande du Nord. A sa lecture, on "sent" le climat de l'époque, les quartiers catholiques en lutte contre l'armée britannique ; on "vit" avec le narrateur la révolte des prisonniers nord-irlandais ; on "comprend" la traitrise du dit narrateur.
"Mon traitre" était plus en retrait, plus "français", comme en dehors des événements. "Retour à Killybegs" nous plonge dans l'histoire
de ce conflit.
Mais que de désespérances dans ce roman : le père alcoolique qui meurt de froid en rentrant du pub ; la mère et ses 7 enfants obligée de se réfugier chez son frère en Irlande du Nord ; de ses 7 enfants, 6 ont immigrés ; la vie elle-même du narrateur qui est ballottée entre prison et attente des soldats anglais ; la vie de la femme de Tyrone qui a peur pour son mari et son fils.
Au final, un engagement de toute une vie pour une armée qui rend les armes, des amis qui vous tournent le dos.
Les images que je retiendrai :
Celle de la solidarité des habitants qui cachent les tenues des jeunes brigades de l'IRA afin que le défilé puisse avoir lieu.
Celle de la révolte des prisonniers nord-irlandais, couvert d'une couverture et barbouillant leur cellule de leurs excréments.
Sur le même thème
J'ai vu, quelques semaines après avoir lu ce livre magnifique, le film Hunger de Steve McQueen abordant le thème de l'enfermement des prisonniers politiques d'IRA et leurs mouvements de protestation le "blanket and no-wash protest" et vous le conseille fortement.
Il faut avoir le cœur bien accroché mais il est tout aussi passionnant et offre une autre approche de cette partie du conflit.