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Comme le blues, comme le fado, mais beaucoup moins connu qu'eux, le rébètiko est un chant de déracinés s'épanouissant comme une fleur sauvage sur l'asphalte des villes. Les Français qui connaissent le terme le confondent souvent avec le fameux sirtaki qu'il inspira à Théodorakis pour le film Zorba le Grec. A ses débuts, véritable liturgie profane, avec ses codes et ses rites, célébrée autour du hasch, de la musique, de la camaraderie et de l'amour par des hommes, puis des femmes, fiers et libres de toutes entraves, le rébètiko, porté par ses deux instruments fétiches, le bouzouki et le baglamas, fut la voix d'un sous-prolétariat urbain pendant les soixante premières années troublées du XXe siècle en Grèce.
D'abord réprouvé, honni puis durement censuré, il sortit de l'ostracisme en 1949 grâce à Manuel Hadjidakis, l'auteur des Enfants du Pirée, qui dans une conférence mémorable le compara à la tragédie grecque antique. Devenu de nos jours le chant de toute une nation, véritable institution dans son pays, où il est joué partout par de jeunes compagnies, il fait l'objet d'études nombreuses, de polémiques, de films, de chats passionnés sur Internet...
C'est l'histoire captivante de ces Villon modernes et de leur musique qu'Elèni Cohen nous propose. Un livre qui manquait en français et que les amateurs de rébètiko attendaient...