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Dans une France rurale aujourd'hui oubliée, à la périphérie d'une ville de province dont le seul intérêt est un dépôt de locomotives que le vent du progrès balaiera bientôt, deux gamins passionnés par les mots nouent, dans le secret des lettres, une amitié solide. Le premier, orphelin de père, travaille comme forgeron depuis ses 14 ans et vit avec une mère que la littérature effraie et qui, pour cette raison, le met tôt à la boxe.
Sans quitter sa forge où il martèle le fer, il découvre sur le ring sa seconde passion et devient champion de France de boxe amateur, adulé par la foule. Le second, d'abord féru de mythes, se tourne rapidement vers des écritures plus saintes. Il devient abbé, puis père de la paroisse, aimé de ses fidèles. Pour autant, les deux anciens gamins ne se quittent pas. Aussi, lorsque l'abbé propose à son ami d'enfance d'interpréter, sur la scène du théâtre paroissial, le rôle de Jésus dans son adaptation de La Passion de notre Seigneur Jésus Christ, l'amoureux des belles lettres et comédien amateur accepte de prêter et ses poings et sa voix à la parole de Dieu pour sacrer, sur le ring du théâtre, leur amitié.
Ce boxeur amateur, forgeron flamboyant et comédien fantasque qui, avec sa femme, montait dans sa cuisine de petites opérettes pour le plaisir de ses voisins, était le père du narrateur. Après sa mort, ce dernier retrouve les carnets dans lesquels il consignait les chansons, poèmes et mots qu'il aimait, même s'il ne sut jamais s'en servir comme il l'aurait souhaité. A son tour alors, il prend la plume pour lui rendre sa couronne de gloire, tressée de lettres et de phrases splendides, et lui écrire le roman qu'il mérite.
Un uppercut littéraire.
Aimer son père...
" Amour : trois voyelles et deux consonnes, ça ne pèse pas lourd pour les dégâts que ça fait. "
Au détour d'un chapitre, une phrase comme un coup dans notre cœur de lecteur. Le sujet de ce livre est celui de nos vies : aimons-nous? mais surtout : sommes-nous aimés?
Longtemps, Guy n'a pas aimé son père, ne l'a pas compris. Ce forgeron, homme à la dure, ayant quitté l'école à quatorze ans pour subvenir aux besoins de sa mère, veuve. L'a haï. Rejeté comme, adolescent, on en veut à ses parents de n'être pas de meilleurs modèles : trop ploucs, pas assez cultivés, trop fiers, mal fiers peut-être, de leurs glorioles passées. Ici, un titre de champion de boxe et un rôle titre dans "La Passion de Notre Seigneur Jésus Christ" sur la scène paroissiale du quartier des Chaprais, Besançon.
C'est donc une déclaration, bricolée par un fils, devenu adulte, père et grand père, avec des mots, si délicats et si profonds : ceux que son papa, lui, n'avait pas.