A l'heure de la mondialisation, la thèse du déclin irrémédiable des nations est à la mode : contestés par le " haut ", les Etats-nations sont confrontés à la multiplication des réseaux (multinationales, flux financiers, Internet, etc.) qui échappent à leur contrôle. Leur légitimité est aussi remise en cause à la base par la société civile : affirmation des individualismes, des identités communautaires, force explosive du multiculturalisme, etc. Pourtant, le réveil des revendications nationales, voire nationalistes après la chute du communisme montre que la nation demeure une idée mobilisatrice, mais ambiguë, comme le souligne l'opposition originelle entre la conception républicaine et la conception ethnique de la nation. L'analyse de plusieurs exemples nationaux (Allemagne, Grande-Bretagne, Etats-Unis notamment) met ici en lumière la spécificité du modèle français de l'Etat-nation, et s'interroge sur son avenir dans le cadre de la construction européenne. La constitution d'un espace public européen invite, non à créer un " super-Etat-nation " européen dont la capacité de mobilisation serait douteuse, tant l'" identité européenne " reste problématique, mais à adapter le cadre de référence que constitue encore l'Etat-nation aux mutations économiques, technologiques, géopolitiques en cours : cela suppose l'élaboration et l'application d'un nouvel outillage juridique et mental.