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Paul a dix ans. Ses parents décident de quitter la grosse ville de Bordeaux pour s'établir à Bedous en vallée d’Aspe. Chacun s’est acclimaté dans ce cadre naturel préservé. Paul, qui a comme héritage familial une forte passion pour les trains électriques, découvre dans cet environnement les incroyables ouvrages d’arts qui témoignent de l’existence d’une voie de chemin de fer entre la France et l’Espagne.
Au contact des gens du pays, Paul se familiarise avec l'histoire séculaire d'un espace partagé et très fréquenté, où les frontières nationales ne furent définitivement tracées qu'à l'époque Napoléonienne. Grâce à son nouvel ami Pablo, Paul découvre avec quelle détermination les aragonais réussirent pendant l'ère industrielle, à obtenir des pouvoirs politiques le passage du train dans leur province.
Il apprend aussi comment l'histoire récente et les mauvais coups du sort paralysèrent le trafic ferroviaire, contraignant cette voie ferrée mythique à sombrer dans l'oubli. Enfin, il fait le triste constat de l'abandon et de la ruine des installations ferroviaires, en dépit d'un traité obligeant les deux nations frontalières à maintenir la ligne en activité. Le temps a passé. Paul prépare des études d'ingénieur ferroviaire à Bordeaux.
Pablo lui travaille sur une plateforme de ferroutage près de Saragosse. Les réalités socio-économiques d'hier ont bien évolué. Le rail revient en force. Les lignes hier abandonnées au profit du trafic routier se révèlent plus efficaces, plus rentables, plus sûres et plus respectueuses de l'environnement. Aragonais et béarnais ont obtenu la réouverture de la ligne, réclamée depuis le déraillement au pont de l'Estanguet il y a 50 ans.
Le Transpyrénéen est en chantier sur le dernier tronçon de la voie entre Bedous et Canfranc et l’ensemble de la ligne est modernisé. La crise économique semble s'estomper et de grands espoirs d’échanges commerciaux animent à nouveau les populations. Paul et Pablo décident de se rencontrer. Grâce au train, la "Linea Goya" entre Bordeaux et Saragosse est devenue une réalité. Il ne faut pas rater l'inauguration de la réouverture du Transpyrénéen à Canfranc, rappelant combien les habitants des deux versants du Somport ont toujours su entretenir des liens d'amitié et de fraternité.
