Au XIXe siècle, les poètes s'interrogent avec insistance sur la part féminine nécessaire à la création, dans une période d'intense renouvellement de la poésie, mais aussi de redéfinition de la place des femmes dans la société et la culture. " Elle était la poésie sans lyre ", dit Raphaël chez Lamartine, à propos de la femme aimée. " Sans une espèce d'androgynéité ", écrit Baudelaire, " le génie le plus âpre et le plus viril reste, relativement à la perfection dans l'art, un être incomplet ". Pour Rimbaud : " La femme sera poète, elle aussi ! La femme trouvera de l'inconnu ! " Tandis que dans les Cinq grandes odes de Claudel, la Muse rappelle au Poète que " ce n'est pas avec l'encre et la plume que l'on fait une parole vivante ! ", et lui demande : " Quel compte donc fais-tu des femmes ? " De Musset à Claudel, c'est en effet dans le dialogue avec une Muse désormais au singulier que le Poète se représente. Pourtant, dans le même moment, les évocations poétiques de figures féminines et de l'amour se font souvent ironiques, violentes, transgressives et dérangeantes. Pourtant, très peu de femmes poètes sont retenues par l'histoire littéraire pour ce même XIXe siècle. Les contributions réunies ici s'attachent à relire l'histoire poétique du XIXe siècle du point de vue de la différence des sexes, et envisagent l'ensemble des aspects de la relation masculin/féminin dans ses implications poétiques, culturelles, sociales et idéologiques. On trouvera, après des réflexions générales sur le traitement de la différence des sexes dans la langue, dans la réception critique et dans l'écriture poétique, des études de figures mythiques comme celle de la Muse, ainsi que d'œuvres et de situations singulières d'écrivains hommes et femmes, dans un parcours allant d'un tournant du siècle à l'autre, des poétesses de l'Almanach des Muses à Guillaume Apollinaire.