Mapuche, pour un certain nombre de raisons, s’approche d’un livre-monde.
Un livre-monde décrit pour moi un univers qui a ses propres règles, un pays que je ne connais pas, c’est un livre qui me fait voyager dans le temps, dans l’espace, dans le cœur des gens. C’est un livre qui me rend meilleur, plus humain.
Certes, il y a une histoire, certes cette histoire est policière : C’est l’alliance de Jana, indienne Mapuche, descendue de la pampa pour tenter sa chance à Buenos Aires, qui a du se prostituer puis survit en sculptant, et de Rubén Calderon, détective spécialisé
dans la recherche de personnes disparues pendant le « Processus », période dictatoriale qui a brisé le pays.
Suite au meurtre de Luz, travesti qui se prostituait sur les docks avec Paula, amie de Jana et à la disparition de Maria Victoria Campallo, fille d’un homme d’affaires proche du pouvoir en place, Jana et Ruben vont être plongés au coeur d'une terrible histoire qui trouve son origine pendant la dictature.
Car Mapuche, c’est tout autre chose :
C’est un voyage à travers un pays souvent dévasté qui a connu peu d’accalmies depuis l’arrivée des Européens. Massacre et déplacement de tribus indigènes, latifundios de milliers d’hectares possédés par une poignée de possédants, chômage endémique, pauvreté, gouvernements auto-proclamés, armée au cœur du pouvoir pendant la Dictature, pour finir par une crise financière qui a jeté des centaines de milliers de personnes dans la rue, dont beaucoup habitent dans les rues, protégés par de simples cartons ou bien ont rejoint les villas, gigantesques bidonvilles.
On doit cependant considérer que l’Argentine a un niveau de vie élevé par rapport à l’ensemble des pays de la région...
C’est un voyage à travers un pays-continent, depuis les cuadras de Buenos Aires jusqu’aux hauts plateaux andins en passant par les pampas et les sierras.
C’est un voyage parmi le peuple argentin, les mères de la place de Mai qui attendent le retour des enfants disparus, les intellectuels morts ou exilés, les militaires qui n’ont fait qu’obéir aux ordres et qui n’ont pas été inquiétés, les gens de la rue qui n'osaient plus sortir, plus parler.
Nous ne sommes pas oubliés, qui avons regardé la Coupe du Monde en Argentine en 1978, nous levant en pleine nuit pour regarder un match de foot, alors que des milliers de personnes disparaissaient sans bruit...
Roman avant tout, mais aussi témoignage d’une grande souffrance, et d'une immense colère qui doit continuer à nous animer.
Pour ceux qui ont aimé Zulu, Haka ou Utu
Magnifique!
Parce que l'Argentine ce n'est pas que Maradona et le boeuf!
Gosia