Maine de Biran et l'évolutionnisme en psychologie

Demeurée introuvable depuis sa publication en 1882 dans les Actes d'un congrès scientifique, l'étude de Gabriel Tarde intitulée par son auteur Maine de Biran et l'évolutionnisme en psychologie, et publiée ici hors série, a un statut de quasi-inédit. Rédigée en 1876, près de cinquante ans après la mort de Maine de Biran, elle constitue l'une des toutes premières et l'une des analyses critiques majeures du fait primitif biranien : l'" effort ". Elle vaut aussi comme la première intervention publique d'un Tarde philosophe " sans avoir cherché à l'être, sans y avoir pensé ", selon les mots de Bergson rendant hommage au philosophe " qui nous a ouvert tant d'horizons ". Interrogeant Maine de Biran à la lumière des débats qui agitent ses contemporains, cette étude est révélatrice d'un moment essentiel de l'histoire d'un concept, celui de " force ", tel qu'il hante la réflexion de ces penseurs du XIXe siècle. Elle en restitue un maillon manquant, conduisant l'" effort " biranien au " schème moteur " bergsonien par les deux principes tardiens de la " croyance " et du " désir ". Maine de Biran et l'évolutionnisme en psychologie constitue la rencontre du plus ontologue des sociologues avec le plus métaphysicien des psychologues. " Pourquoi (Maine de Biran) ne fait-il dater le moi que de la réaction tandis que l'impression le suppose déjà si évidemment ? Pourquoi, sinon pour préserver ce moi de tout soupçon d'hétérogénéité ? Comme on voit bien que le grand prestige de l'unité fascine aussi ce profond penseur ! Cependant, que de différences tranchées dans la vie mentale ! " (Gabriel Tarde)