Sans les traducteurs, la littérature d’outre frontières nous serait, pour le coup, totalement étrangère. Une fois encore un excellent roman de Tom Cooper vient de franchir l’Atlantique grâce au remarquable travail de Pierre Demart qui en a assuré la traduction. Cooper comme beaucoup d’auteurs américains a d’abord affuté son style en publiant de nombreuses nouvelles dans des magazines littéraires. On ne dira jamais assez de bien de l’école américaine de la nouvelle qui donne la possibilité aux jeunes écrivains d’être publiés et donc découverts. Le passage au roman
en est largement facilité et se fait finalement à maturité. “Les Maraudeurs” de Tom Cooper est le résultat de cette patiente école d’écriture.
L’action du roman se situe en Louisiane après le passage de l’ouragan Katrina. Dans le petit port de pêche de Jeanette tout est devenu beaucoup plus difficile et quand les habitants sont de nouveau confrontés au pire cinq ans plus tard avec une terrible marée noire, la pêche à la crevette ne semble plus qu’un lointain souvenir. Gus Linquist est l’un des pêcheurs touché de plein fouet par la catastrophe. Linquist est manchot, méchamment accro aux antidouleurs et un tantinet obsessionnel. Le pêcheur croit, en effet, dur comme fer à la présence du célèbre corsaire Jean Lafitte dans les marais alentours. Son crevettier s’appelle d’ailleurs le “Jean Lafitte” . “ Il ne trouvait presque jamais rien et tout le monde le charriait à ce propos , mais il se plaisait à imaginer le jour où enfin il rapporterait un véritable trésor sur son bateau”. Linquist poursuit inexorablement sa recherche sous un ciel poisseux de chaleur et d’humidité. On se grise avec lui de ses explorations du bayou et on découvre autour une galerie de personnages hauts en couleur : un adolescent de 17 ans qui fait porter à son père la responsabilité de la mort de sa mère pendant le passage de Katrina, deux jumeaux totalement psychopathes qui entretiennent une immense plantation de marijuana en plein coeur du bayou, deux extraordinaires losers qui doivent assumer des travaux d’intérêt général et un employé de BP chargé d’amadouer les habitants de Jeanette .
Tout ce petit monde nous vaut des dialogues flamboyants et des descriptions à couper le souffle. Cooper fait feu de tout bois, servi par une écriture d’une incroyable inventivité. C’est tellement bon qu’on aimerait qu’il devienne le scénariste d’une série qui porterait le même titre, et nous installerait définitivement à Jeanette, en compagnie de cette exotique et attachante communauté. “Les Maraudeurs” est un roman sombre éclairé par des éclairs d’humour et de cynisme qui rendent ce drame collectif terriblement humain. Si vous lisez “Les Maraudeurs” vous découvrirez un excellent roman et un immense écrivain, ce qui constitue, par les temps qui courent le meilleur investissement possible…
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
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Sans les traducteurs, la littérature d’outre frontières nous serait, pour le coup, totalement étrangère. Une fois encore un excellent roman de Tom Cooper vient de franchir l’Atlantique grâce au remarquable travail de Pierre Demart qui en a assuré la traduction. Cooper comme beaucoup d’auteurs américains a d’abord affuté son style en publiant de nombreuses nouvelles dans des magazines littéraires. On ne dira jamais assez de bien de l’école américaine de la nouvelle qui donne la possibilité aux jeunes écrivains d’être publiés et donc découverts. Le passage au roman en est largement facilité et se fait finalement à maturité. “Les Maraudeurs” de Tom Cooper est le résultat de cette patiente école d’écriture.
L’action du roman se situe en Louisiane après le passage de l’ouragan Katrina. Dans le petit port de pêche de Jeanette tout est devenu beaucoup plus difficile et quand les habitants sont de nouveau confrontés au pire cinq ans plus tard avec une terrible marée noire, la pêche à la crevette ne semble plus qu’un lointain souvenir. Gus Linquist est l’un des pêcheurs touché de plein fouet par la catastrophe. Linquist est manchot, méchamment accro aux antidouleurs et un tantinet obsessionnel. Le pêcheur croit, en effet, dur comme fer à la présence du célèbre corsaire Jean Lafitte dans les marais alentours. Son crevettier s’appelle d’ailleurs le “Jean Lafitte” . “ Il ne trouvait presque jamais rien et tout le monde le charriait à ce propos , mais il se plaisait à imaginer le jour où enfin il rapporterait un véritable trésor sur son bateau”. Linquist poursuit inexorablement sa recherche sous un ciel poisseux de chaleur et d’humidité. On se grise avec lui de ses explorations du bayou et on découvre autour une galerie de personnages hauts en couleur : un adolescent de 17 ans qui fait porter à son père la responsabilité de la mort de sa mère pendant le passage de Katrina, deux jumeaux totalement psychopathes qui entretiennent une immense plantation de marijuana en plein coeur du bayou, deux extraordinaires losers qui doivent assumer des travaux d’intérêt général et un employé de BP chargé d’amadouer les habitants de Jeanette .
Tout ce petit monde nous vaut des dialogues flamboyants et des descriptions à couper le souffle. Cooper fait feu de tout bois, servi par une écriture d’une incroyable inventivité. C’est tellement bon qu’on aimerait qu’il devienne le scénariste d’une série qui porterait le même titre, et nous installerait définitivement à Jeanette, en compagnie de cette exotique et attachante communauté. “Les Maraudeurs” est un roman sombre éclairé par des éclairs d’humour et de cynisme qui rendent ce drame collectif terriblement humain. Si vous lisez “Les Maraudeurs” vous découvrirez un excellent roman et un immense écrivain, ce qui constitue, par les temps qui courent le meilleur investissement possible…
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)