Les libertins et le masque : simulation et représentation

Simulation, dissimulation, impiété cachée : dès que l'on aborde les libertins, surgissent aussitôt différentes figures du masque. C'est autour de ces thèmes de la clandestinité et de la dissimulation que s'est organisée la première polémique contre eux, qui peut-être leur a donné naissance comme groupe, ou au moins conscience d'eux-mêmes. Paradoxalement cette dénonciation de leurs idées et de leur conduite secrètes les a fait connaître du public, a contribué à répandre les idées qu'on leur attribuait, et même a forgé leur figure historique, celle sous laquelle les identifie la postérité. Il n'est donc, s'agissant d'eux, rien de plus public que leur secret et c'est parce qu'ils sont supposés avancer masqués qu'on les découvre. Mais le masque, c'est aussi ce que met l'acteur pour jouer son rôle : il ne sert pas seulement à cacher le vrai visage ; il assume aussi les traits que l'on a choisis, pour remplir une certaine fonction : artifice de la représentation, il concentre les moyens par lesquels on veut donner à voir un caractère, une passion ou, ici, une doctrine ou une façon de vivre et de raisonner. Masque de simulation, masque de représentation : c'est sous ce signe que sont rassemblées ici des études sur les modes de pensée et d'écriture des libertins.