Il m'aura bien fallu mes trois semaines de vacances pour arriver au bout des "Instructions" d'Adam Levin. En gros, clairement, si vous n'avez pas du temps devant vous, inutile de débuter cette lecture, qui nécessite beaucoup de concentration. En effet, 1000 pages d'un texte dense, abrupt, qui prennent la forme d'un livre saint, "les Instructions", écrit par un gamin de 11 ans, Gurion Ben-Juddah Maccabee. Dès le départ, on comprend que le gamin est en prison, pour des faits non portés à notre connaissance, et que la maison d'édition qui l'édite est consciente du risque qu'elle prend :
le décor est posé...
S'ensuit un roman à la première personne, un gamin profondément déséquilibré, qui décide, dans son centre de redressement, de fonder une nouvelle religion dont il serait le messie.
C'est un roman dense, difficile, que j'ai énormément aimé pour son côté totalement barré, mais en même temps, que j'ai eu énormément de mal à finir. A la fin, on est heureux d'en être arrivé à bout, mais on en sort comme après un marathon: à bout de souffle, et perturbé par cette lecture qui ne peut pas laisser indifférent.
Je ne peux que conseiller ce livre à des lecteurs exigeants, qui aiment relever des challenges littéraires comme celui-ci. Mais à la fin, c'est bon...
Baruch Hashem Adonaï !
Il est très difficile d’écrire une critique sur un roman tel que celui-ci, illisible, dense, vertigineux, tortueux, audacieux et complexe, mais tellement génial ! Les instructions sont en fait le texte sacré écrit par un gamin de 10 ans, Gurion Ben-Juddah Maccabee, persuadé d’être le nouveau messie. Le livre se concentre sur quatre jours consécutifs dans la vie du pré-adolescent.
La narration est riche, hypnotique. L’action est très resserrée et linéaire, voilà pourquoi le livre est si long (plus de 1000 pages) : l’auteur Adam Levin fouille les moindres détails, n’omet aucune anecdote et aucun fait durant ces quatre jours. Il n’y a presque pas d’ellipses dans le récit.
Le lecteur est d’emblée fasciné par le personnage de Gurion. Hyperactif, très violent et surdoué, le garçon analyse et prend du recul par rapport à tout : ses actions, les faits et gestes de ses amis, ses propres pensées – et prend des décisions en fonction de ce qu’il lui paraît le plus juste. L’influence et le charisme qu’il dégage auprès de ses camarades déteignent un peu sur le lecteur qui se retrouve malgré lui emporté par la force de conviction et de persuasion (car il s’agit de séduction aussi) de Gurion.
Adam Levin se joue aussi des codes formels attachés habituellement au récit et privilégie un patchwork mêlant habilement notes de bas de page au milieu du texte, phrases et croquis évoquant l’art ASCII.
Bref, il s’agit d’une lecture pour lecteurs exigeants, certes ; mais quelle récompense pour celui qui accepte de jouer le jeu, de se laisser porter par le souffle et la verve littéraire qui traverse ce roman de part en part !