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La variation stylistique se définit souvent en termes d'écarts indexés à une variété normée. Or la description de faits de langue en fonction d'une variété de référence ne peut être qu'incomplète. Nous montrons ici que la variation stylistique individuelle résulte du croisement de l'utilisation sélective d'un répertoire collectif de styles activé par des stratégies individuelles, et de facteurs externes (sociaux, interactionnels ou affectifs), interprétés par des filtres propres à chaque locuteur.
D'autre part, nous établissons que la variation au sein d'un groupe ne prédétermine pas la variation individuelle mais que celle-ci obéit à une dynamique distincte de celle du groupe, et que l'analyse de cette variation n'est possible qu'à partir de données provenant d'interactions naturelles. C'est pourquoi nous avons recueilli un corpus écologique qui rassemble sur une durée de plusieurs mois la production linguistique non dirigée de trois locuteurs francophones dans des situations d'interaction naturelle.
Notre étude s'appuie sur une analyse multidimensionnelle propre à la sociolinguistique de corpus. Cette analyse associe à en traitement statistique de certaines variables individuelles selon une approche s'inspirant de la sociolinguistique variationniste, une étude qualitative d'autres aspects du discours des locuteurs. Grâce à leur complémentarité, ces analyses ont permis de déterminer un profil individuel des styles adoptés par les trois locuteurs et signalés par des indicateurs stylistiques propres à chacun.
L'analyse de la variation stylistique individuelle enrichit la stylistique en prenant en considération des facteurs auparavant relégués au domaine de l'irrationnel ou d'une singularité jugée non analysable.