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Montparnasse. Un peintre à la dérive,buveur invétéré, tordu par une tempête intérieure, vit aux crochets d'un mécène dont il dilapide le maigre argent et le matériel de peinture, pour satisfaire sa quête effrénée d'apaisement par l'alcool. Autobiographie à peine voilée, ce texte de l'arrachement, de l'errance et du désastre intérieur est le premier de huit textes et carnets inédits retrouvés dans les archives de l'auteur d'Ascension à Berne.
C'est aussi, paradoxalement, son oeuvre la plus personnelle et la plus tragique. Fidèle à son habitude, Hohl l'a relue, réécrite, des dizaines de fois, finissant par arracher des pages entières à la veille de sa mort. Un récit elliptique, somptueux et épique, à la gloire de la ville et de la tempête artistique intérieure, traduit pour la première fois.
L'étrange tournant
Ça donne envie de s'exclamer des écritures pareilles, de se lever de son fauteuil et de se mettre à beugler : nom de dieu toute cette poésie là-dedans ! Et puis de rugir de phrases piochées ici ou là, parce que ça ne peut pas se conserver en soi ces choses-là.
Même si hurler ne sert à rien.
On y parler de créativité et d'ivresse.
On y déambule comme l'ombre furieuse de notre propre abandon.
On y parle d'amour de la peinture, d'un amour total.
On s'y saoule beaucoup et très loin.
Il y a quelque chose de tranché dans l'écriture de Ludwig Hohl, quelque chose de définitif.
Quelque chose qui vient du ventre.
Ça fait des considérations philosophiques
Ça dérive dans les rues de Paris. Quartier Montparnasse.
De l'âme qui s'assèche comme le gosier se pèle dans l'alcool des nuits de bohème.
Il y a du désespoir dans ces pages.
Il y a de la colère, de la rage d'exister sans être capable de se l'accorder.
Il y a de la jubilation aussi, à se vautrer dans l'excès.
Il y a de l'art que l'on fait comme une violence, une brutalité pour heurter le désarroi.
Immensément poétique, démesurément poétique, cet étrange tournant est un bien étrange voyage.
Au bout du soir.
Jusqu'au dernier verre.