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Richard Powers a écrit le grand roman américain sur la famille, l'amour, la musique et les problèmes raciaux. Mieux : il en a fait un chant inoubliable. Frederick Busch En 1939, lors d'un concert de Marian Anderson, David Strom, un physicien juif allemand émigré aux Etats-Unis pour fuir les persécutions nazies, rencontre une jeune femme noire, Delia Daley. Ils se marient et élèvent leurs trois enfants dans le culte exclusif de la musique, de l'art, de la science et de l'amour universel, préférant ignorer la violence du monde autour d'eux.
Cette éducation va avoir des conséquences diverses sur les trois enfants. Jonah devient un ténor de renommée mondiale, Ruth va rejeter les valeurs de sa famille pour adhérer au mouvement des Black Panthers, leur frère Joseph tentera de garder le cap entre l'aveuglement des uns et le débordement des autres, afin de préserver l'unité de sa famille en dépit des aléas de l'histoire. Avec des personnages d'une humanité rare, Richard Powers couvre dans cet éblouissant roman polyphonique un demi-siècle d'histoire américaine, nous offrant, au passage, des pages inoubliables sur la musique.
Le Temps où nous chantions a été élu meilleur livre de l'année par The New York Times et The Washington Post.
Historiquement intéressant
Ce roman m'a intéressée par ces références historiques et sa manière d'en parler parfois différemment. Par exemple, l'engagement de Ruth auprès des Black Panthers permet de montrer que les activistes de ce groupe dirigé par des "voyous" étaient parfois motivés par un vrai désir de changer l'éducation des jeunes noirs. Ruth est d'ailleurs le personnage qui a ma préférence dans ce roman. J'ai eu du mal à m'attacher aux parents dont l'attitude en tant que couple m'a déstabilisée et à Jonah qui est pour moi un monstre d'égoïsme. Les références à la musique sont nombreuses et je pense que ce roman a tout pour plaire aux musiciennes, ce que je ne suis pas, j'écoute même très peu de musique. J'ai aimé le début du roman, lorsque la famille improvise des chants et vit en harmonie mais ensuite, j'ai été un peu rebutée par les références au chant. J'ai globalement trouvé que ce roman manquait d'âme dans des moments cruciaux comme lors du discours du Dr King. Moi qui ai encore parfois la chair de poule en l'écoutant en classe, les pages qui lui sont consacré m'ont laissé de marbre. A l'inverse, certaines scènes sont particulièrement réussies comme celle où les deux frères se retrouvent dans les émeutes et sont considérés comme noirs par la police mais blancs par les émeutiers noirs. On retrouve les idées déjà lues ailleurs: les soldats noirs que l'on méprise, l'Europe qui voit dans les hommes noirs des hommes et non des noirs. J'ai appris grâce à ce roman la notion d'hypodescendance: un enfant issu de parents de castes différentes appartient à la caste inférieure et j'ai été intrigué, même si ce n'est pas la première fois que je lis ça, par l'idée que Lincoln était raciste.