-
Passionnant
-
Emouvant
-
XXe siècle
-
Australie
-
Adélaïde
On se retrouve ici à la frontière de tout ce que j'aime en littérature: des personnages attachants, une époque superbement dépeinte sous une plume mélancolique, un mélange de contemporain et d'enquête policière et surtout une histoire vue à travers les yeux d'un enfant. Dans l'ambiance, on pourrait rapprocher ce roman d'oeuvres telles que "Le petit copain" de Donna Tartt ou encore "Le prince des marées" de Pat Conroy. Des romans qui prennent aux tripes parce que l'auteur porte un soin particulier à la construction des personnages et leurs psychologies, ainsi qu'à l'ambiance dans laquelle
le lecteur s'enfonce sans possibilité de sortie.
Toute la première moitié du roman nous présente la vie à Adélaïde, petite ville australienne, et plus particulièrement celle de Thomas Street, rue où vivent Henry et ses parents, entourés de nombreuses familles, voisins et amis. Ce roman est une vraie immersion dans l'Australie des années 60. Une époque où amitié, fraternité et entraide voulaient vraiment dire quelque chose. Une époque également où les premiers immigrés grecques et italiens s'installent dans le pays. L'écriture de Stephen Orr, simple et douce, emporte littéralement le lecteur qui finit par faire partie intégrante de Thomas Street, jusqu'à avoir presque l'impression de vivre dans une des maisons de cette rue et fréquenter Bob et Ellen, les parents de Henry, ainsi que Bill et Liz leurs voisins. Les jeux de Henry, Janice, Anna et Gavin dans le jardin familial et dans le square du quartier deviennent ceux de nos enfants.
La disparition de ces trois derniers à la moitié du roman fait basculer l'histoire. La sérénité, la douceur de vivre et les bons moments vont devenir espoir déchu, angoisse, larmes et douleur. Nous nous sommes attachés à ces enfants et leur perte et d'autant plus douloureuse. S'en suivent des jours et des jours de recherche où Bill, officier de police, mène les opérations avec les moyens des 60's (autant dire très peu), où toute la ville se rend disponible pour essayer de les retrouver, où l'espoir devient de plus en plus mince mais où il faut continuer de vivre. Cela parait impossible pour les parents et pour le petit Henry c'est un vrai déchirement. Lui qui a très peu d'amis et voyait en Janice, Anna et Gavin, des frères et soeurs, va observer les réactions des adultes et se retrancher dans un monde imaginaire où ses amis sont toujours présents. Pour autant Stephen Orr ne fait pas dans le pathos et nous livre ici un roman proche du témoignage à travers les yeux de ce jeune garçon.
"Le temps n'efface rien" est un magnifique roman sur l'amitié, sur les années 60 et sur la difficulté de continuer à vivre après un drame. Inspiré d’un fait divers, il est d'autant plus marquant. Je vous le conseille vivement mais préparez-vous à ne pas pouvoir le reposer avant la fin tant tout y est attachant.
Australie, disparition
Voici un très beau roman doux-amer sur l'Australie des années 60, dans une petite banlieue résidentielle d'Adelaïde.
La première partie du roman décrit la vie d'Henry, de ses parents et de leurs voisins à qui ils sont très liés. Pour s'occuper te rendre service, Henry va également ranger des livres dans la bibliothèque de l'ostéopathe, un bien étrange monsieur solitaire qui aime le regarder.
Henry joue également beaucoup avec Janice, une grande fille dégourdie qui l'a pris sous son aile et le défend contre les moqueurs.
Cette première moitié du roman est un peu longue, il ne se passe rien, ou pas grand chose. Si, on devine que la folie de la mère d'Henry commence. Trouble bi-polaire, on appellerai cela de nos jours.
Puis la seconde partie du roman commence, le jour de la fête nationale, un jour de canicule. Le drame a lieu, et se dévoile la solidarité entre les habitants du quartier. La mère d'Henry prend Liz, la mère des enfants disparus, sous son aile.
Mais l'enquête piétine et ne sera jamais résolue.
Le quartier change, les gens meurent ou déménagent, mais Henry reste à son bureau et n'oublie pas Janice.
Ce roman est également un très bel hommage à son propre père, homme de paix, cherchant par tous les moyens la conciliation, et follement amoureux de sa femme, dont il tente de protéger son fils, malgré tout.
Une lecture dont je suis ressortie le coeur gros, de très belles pages sur l'amitié et la fraternité.
Presque un coup de coeur, si la première partie n'avait pas été aussi longuette.
L'image que je retiendrai :
Celle du faux poivrier sous lequel se tiennent tour à tour les personnages au fil des pages. Ce roman aurait pu être un traité de botanique tant l'auteur fait référence aux nombreuses plantes qui poussent à Croydon.