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récit intimiste
Il est des oeuvres qui vous touchent au plus profond de vous-même, non pas seulement parce qu’elles sont excellentes, mais parce qu’elles font écho en vous de manière assez étrange à quelque chose que vous vivez ou à quelque chose que vous observez chez vos proches. Non seulement, vous lisez une fiction, mais vous avez l’impression d’être et/ou de connaître un des personnages de cette fiction. C’est un sentiment assez étrange, puissant mais tellement troublant.
Le Nao de Brown représente ce genre d’expérience pour moi. Du coup, en écrire la critique devient forcément
périlleux, parce qu’il s’agit de l’évaluer sans parti pris dans la mesure du possible, d’essayer de ne pas se laisser guider par ses affects... Car il s’agit de savoir au final si j’aime cette bande dessinée uniquement pour ce qu’elle représente à mes yeux (et dans ce cas cela ne dépasse pas ma propre personne, donc cela n’est pas très intéressant) ou parce qu’objectivement il s’agit d’un album exceptionnel d’une très grande qualité. Incontestablement, si je prends un peu de recul, je classe cette BD dans cette deuxième catégorie.
Le Nao de Brown est une oeuvre intimiste la plus juste qu’il m’ait été donné de lire. Tout est ici croqué avec une précision hallucinante et tout sonne vrai : les dialogues, les situations, les réactions des personnes, etc. Glyn Dillon se rapproche aux plus près des émotions de ses personnages, nous les donnent à voir tels qu’ils sont, essayant de vivre malgré leurs fêlures et malgré leurs fragilités, essayant de trouver leur place dans ce monde... Le personnage de Nao, bien sûr, est magnifique : une jeune femme intelligente, jolie, mais persuadée d’être un monstre à l’intérieur prêt à exploser à tout moment, et qui de ce fait trébuche, morfle, se casse les dents dans ses relations – car elle se cache aux autres par peur d’elle-même, torturée par les pulsions morbides qui l’habitent. Les personnages secondaires ne sont pas en reste également : du patron de Nao, amoureux transi qui reste dans l’ombre préférant passer pour le meilleur ami, à l’amant qui noie ses chagrins dans l’alcool, protecteur en apparence mais tellement faible en réalité... Le lecteur perçoit l’humanité de tous ces êtres dans toute sa complexité ainsi que leurs contradictions – ces êtres qui savent que les apparences induisent en erreur mais qui ne peuvent pas s’empêcher de se laisser duper par elles, de croire en elles.
Les dessins très beaux sont de petites merveilles : ils retranscrivent parfaitement le côté réaliste de l’histoire et participent à rendre les personnages tellement vivants... Chaque case est une petite pépite qu’on ne se lasse pas de regarder !
Je croise les doigts pour que cette BD obtienne un prix au prochain festival d’Angoulême pour lequel elle est sélectionnée.
10 sur 10 !
Il est des oeuvres qui vous touchent au plus profond de vous-même, non pas seulement parce qu’elles sont excellentes, mais parce qu’elles font écho en vous de manière assez étrange à quelque chose que vous vivez ou à quelque chose que vous observez chez vos proches. Non seulement, vous lisez une fiction, mais vous avez l’impression d’être et/ou de connaître un des personnages de cette fiction. C’est un sentiment assez étrange, puissant mais tellement troublant.
Le Nao de Brown représente ce genre d’expérience pour moi. Du coup, en écrire la critique devient forcément périlleux, parce qu’il s’agit de l’évaluer sans parti pris dans la mesure du possible, d’essayer de ne pas se laisser guider par ses affects... Car il s’agit de savoir au final si j’aime cette bande dessinée uniquement pour ce qu’elle représente à mes yeux (et dans ce cas cela ne dépasse pas ma propre personne, donc cela n’est pas très intéressant) ou parce qu’objectivement il s’agit d’un album exceptionnel d’une très grande qualité. Incontestablement, si je prends un peu de recul, je classe cette BD dans cette deuxième catégorie.
Le Nao de Brown est une oeuvre intimiste la plus juste qu’il m’ait été donné de lire. Tout est ici croqué avec une précision hallucinante et tout sonne vrai : les dialogues, les situations, les réactions des personnes, etc. Glyn Dillon se rapproche aux plus près des émotions de ses personnages, nous les donnent à voir tels qu’ils sont, essayant de vivre malgré leurs fêlures et malgré leurs fragilités, essayant de trouver leur place dans ce monde... Le personnage de Nao, bien sûr, est magnifique : une jeune femme intelligente, jolie, mais persuadée d’être un monstre à l’intérieur prêt à exploser à tout moment, et qui de ce fait trébuche, morfle, se casse les dents dans ses relations – car elle se cache aux autres par peur d’elle-même, torturée par les pulsions morbides qui l’habitent. Les personnages secondaires ne sont pas en reste également : du patron de Nao, amoureux transi qui reste dans l’ombre préférant passer pour le meilleur ami, à l’amant qui noie ses chagrins dans l’alcool, protecteur en apparence mais tellement faible en réalité... Le lecteur perçoit l’humanité de tous ces êtres dans toute sa complexité ainsi que leurs contradictions – ces êtres qui savent que les apparences induisent en erreur mais qui ne peuvent pas s’empêcher de se laisser duper par elles, de croire en elles.
Les dessins très beaux sont de petites merveilles : ils retranscrivent parfaitement le côté réaliste de l’histoire et participent à rendre les personnages tellement vivants... Chaque case est une petite pépite qu’on ne se lasse pas de regarder !
Je croise les doigts pour que cette BD obtienne un prix au prochain festival d’Angoulême pour lequel elle est sélectionnée.