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« Le monde selon Victor Hugo se partage entre le réel et l'imaginaire. Il vit pleinement la réalité de son siècle qui voit naître et se développer la révolution industrielle et l'apparition d'une nouvelle classe sociale, le prolétariat ; il connaît l'exil et la guerre ; il participe à la grande transition qui, malgré les résistances de l'Ancien Régime, connaît l'émergence de la société démocratique et le triomphe final de la République.
Il fait corps avec l'histoire du XIXe siècle qui l'a vu naître en 1802 et mourir en 1885 : à lui seul il en est un résumé des avatars, des désastres et des espérances. »
Michel Winock, qui s'est replongé avec délice dans l'oeuvre gigantesque de Victor Hugo, dessine le portrait d'un homme aussi complexe que fascinant. Servi par une plume fluide, il nous retrace sa carrière d'écrivain, ses amours, sa famille, ses campagnes pour la justice, son combat contre la peine de mort, son exil, sa ferveur pour Napoléon Ier et sa colère contre Napoléon III, ses relations avec l'invisible.
Un tableau passionnant qui éclaire de l'intérieur la conception du monde de cet homme-siècle qu'on ne cesse de redécouvrir.
Victor Hugo
Michel Winock, grand spécialiste de l’histoire politique et intellectuelle française, nous trace un portrait passionnant des grandes thématiques qui ont marqué la vie mais également l’œuvre de Victor Hugo.
A travers les différents chapitres, on suit avec passion son évolution politique du monarchiste à l’incarnation du génie républicain, ses combats de toujours pour l’abolition de la peine de mort, pour la liberté, pour la justice, contre Napoléon III.
Mais également, le portrait privé de l’homme par son histoire familiale, ses amours (on notera sa grande jalousie, il écrira d’ailleurs à sa femme Adèle : « Ma jalousie, chère Adèle, doit te plaire ; si elle t’effraie, tu ne m’aimes pas … L’amour n’est ni vrai ni pur, s’il n’est jaloux. Crois que ceux qui aiment toutes les femmes ne sont jaloux d’aucune. »
Un coup de cœur personnel pour le chapitre intitulé « l’imaginaire monstrueux » qui se révèle tout simplement passionnant. Comme l’écrit Michel Winock, le monstrueux et les monstres ont occupé « une place de premier plan dans son œuvre en prose » (Han d’Islande, Bug-Jargal, Notre-Dame de Paris et bien sûr l’Homme qui rit). Mais les monstres, chez Hugo, ne sont pas nécessairement l’évocation du mal. « Chez lui, la difformité physique n’est pas condamnée à s’apparier à la monstruosité morale. La combinaison du grotesque et du sublime peut exister chez un seul individu ».
Et comme l’écrit superbement Winock, « La vérité ne sort pas de la norme, mais de l’écart, du marginal, de l’ex-centrique ». Car, dans le cas de Quasimodo et de Gwynplaine, c’est bien un message politique que Victor Hugo délivre. Ces deux personnages symbolise le peuple humilié et écrasé par les puissants.
En dévorant ces pages, on se rend compte qu’on est ici en face d’un auteur immense et ce mot le caractérise si bien que Baudelaire aura ces mots en parlant de Victor Hugo : « L’excessif, l’immense, sont le domaine naturel de Victor Hugo ; il s’y meut comme dans son atmosphère natale. »
Ses contemporains ont bien eu conscience du génie qu’il incarnait, au vue des centaines de milliers de personnes qui ont souhaité être là, ce jour du 1er juin 1885, pour accompagner son cercueil au Panthéon.
Un livre passionant.