Dans cette nouvelle traduction, j'ai enfin pu percevoir (et même vivre pleinement) le conte : lu à haute voix, le livre prend tout son sens, et j'irai jusqu'à dire que c'est plus agréable qu'en ne parlant pas. On a réellement l'impression que ce livre est destiné à être conté à quelqu'un, et non lu pour soi-même (ce qui est le cas, puisque Tolkien l'a écrit, à l'origine, pour le réciter à ses enfants).
La nouvelle traduction est bénéfique également pour ce qui est des chansons, que j'ai lues (toujours à voix haute) avec un plaisir plus grand que la prose, alors que dans la
première traduction, je ne les lisais que parce que j'ai horreur de ne pas lire une œuvre dans sa totalité, mais je lisais vite, sans comprendre ce que cela racontait, en m'ennuyant terriblement.
Enfin, la nouvelle traduction des noms propres est, d'un point de vue objectivement impartial, meilleure que l'ancienne. Daniel Lauzon a suivit les indications laissées par Tolkien dans son Guide to the names, et il a manifestement été taraudé longuement par chaque choix et concession qu'il lui a fallu faire. Mais les noms sont indéniablement plus proches de leur sens original, quoi qu'en pensent les inconditionnels de l'ancienne traduction. A Einstein qui disait que "tout est relatif", je répondrai (non sans une certaine lueur d'admiration dans les yeux) que "tout est habitude".
Cette édition de luxe est remarquablement belle (et un livre d'une telle qualité est rare en France aujourd'hui). Les illustrations de Tolkien m'ont enchanté, mais c'est un "style" particulier. Il disait lui-même qu'il ne savait pas dessiner, je dirai qu'il ne sait pas dessiner réalistement (quoique, pour ce qui est des paysages...). Mais, personnellement, j'adore (plus que les illustrations de John Howe ou Ted Nasmith, par exemple, et autant que celles d'Alan Lee). Les cartes sont très bien réalisées, et je n'ai repéré que deux ou trois coquilles, ce qui a gêné ma lecture. Mais quoi ! Qu'est-ce que deux ou trois fautes de frappe en 300 pages, là où les écrivains (et traducteurs) contemporains fabriquent une douzaine de fautes par page sans même s'en rendre compte ?
Remercions donc Daniel Lauzon, Vincent Ferré, Dominique Bourgois, et tous les membres de cette "nouvelle équipe de traducteurs" (qui néanmoins exerce depuis le début de ce siècle, le temps passe, "les jours s'en vont, je demeure"). Espérons que cette retraduction, ainsi que celle en cours du Seigneur des Anneaux, rencontrent un succès suffisant pour permettre aux pauvres fanatiques que nous sommes de pouvoir apprécier dans notre langue prodigieuse une vraie traduction du Silmarillion, de l'Histoire de la Terre du Milieu, et de toute l'œuvre de Tolkien enfin, que son fils Christopher a eu le bon sens et le courage de publier et de commenter tout au long de sa vie. (Chaque fois qu'en ouvrant un de ses livres, je lis "mon père" sur la première page de la préface, je me sens chez moi.)
Un voyage réussi
Dans cette nouvelle traduction, j'ai enfin pu percevoir (et même vivre pleinement) le conte : lu à haute voix, le livre prend tout son sens, et j'irai jusqu'à dire que c'est plus agréable qu'en ne parlant pas. On a réellement l'impression que ce livre est destiné à être conté à quelqu'un, et non lu pour soi-même (ce qui est le cas, puisque Tolkien l'a écrit, à l'origine, pour le réciter à ses enfants).
La nouvelle traduction est bénéfique également pour ce qui est des chansons, que j'ai lues (toujours à voix haute) avec un plaisir plus grand que la prose, alors que dans la première traduction, je ne les lisais que parce que j'ai horreur de ne pas lire une œuvre dans sa totalité, mais je lisais vite, sans comprendre ce que cela racontait, en m'ennuyant terriblement.
Enfin, la nouvelle traduction des noms propres est, d'un point de vue objectivement impartial, meilleure que l'ancienne. Daniel Lauzon a suivit les indications laissées par Tolkien dans son Guide to the names, et il a manifestement été taraudé longuement par chaque choix et concession qu'il lui a fallu faire. Mais les noms sont indéniablement plus proches de leur sens original, quoi qu'en pensent les inconditionnels de l'ancienne traduction. A Einstein qui disait que "tout est relatif", je répondrai (non sans une certaine lueur d'admiration dans les yeux) que "tout est habitude".
Cette édition de luxe est remarquablement belle (et un livre d'une telle qualité est rare en France aujourd'hui). Les illustrations de Tolkien m'ont enchanté, mais c'est un "style" particulier. Il disait lui-même qu'il ne savait pas dessiner, je dirai qu'il ne sait pas dessiner réalistement (quoique, pour ce qui est des paysages...). Mais, personnellement, j'adore (plus que les illustrations de John Howe ou Ted Nasmith, par exemple, et autant que celles d'Alan Lee). Les cartes sont très bien réalisées, et je n'ai repéré que deux ou trois coquilles, ce qui a gêné ma lecture. Mais quoi ! Qu'est-ce que deux ou trois fautes de frappe en 300 pages, là où les écrivains (et traducteurs) contemporains fabriquent une douzaine de fautes par page sans même s'en rendre compte ?
Remercions donc Daniel Lauzon, Vincent Ferré, Dominique Bourgois, et tous les membres de cette "nouvelle équipe de traducteurs" (qui néanmoins exerce depuis le début de ce siècle, le temps passe, "les jours s'en vont, je demeure"). Espérons que cette retraduction, ainsi que celle en cours du Seigneur des Anneaux, rencontrent un succès suffisant pour permettre aux pauvres fanatiques que nous sommes de pouvoir apprécier dans notre langue prodigieuse une vraie traduction du Silmarillion, de l'Histoire de la Terre du Milieu, et de toute l'œuvre de Tolkien enfin, que son fils Christopher a eu le bon sens et le courage de publier et de commenter tout au long de sa vie. (Chaque fois qu'en ouvrant un de ses livres, je lis "mon père" sur la première page de la préface, je me sens chez moi.)