la Nature reçoit d'abord une détermination négative : elle regroupe toutes les réalités qui se produisent d'elles-mêmes. Cette esquisse, qui semble d'abord écarter les humains, doit bientôt les réintroduire, et même doublement. En effet, d'une part une telle définition est produite du point de vue d'un agent écarté des productions naturelles, et qui ne peut être que l'homme, d'autre part nous en somme désormais venus à soupçonner la part de l'activité humaine dans la dégradation de la Nature.
Le volume croise les accès possibles à son thème principal : nous avons manifestement besoin d'une représentation comme la Nature, mais cet état de dépendance tend à nous faire croire à sa réalité, alors que son usage conduit à comprendre qu'il s'agit davantage d'une idée régulatrice que d'un concept opératoire. D'où la nécessité, plus encore que le simple intérêt, de procéder ainsi : situer la Nature comme l'autre terme, le moins déterminé, dans un réseau d'oppositions qui la relie, notamment, au droit, à la religion, à la culture et à la technique.
Nous sommes ensuite en mesure d'évaluer ce qui est en jeu dans les doctrines naturalistes, à savoir celles qui assument une thèse d'ensemble selon quoi tout, y compris les artefacts, existe conformément aux lois naturelles, que la science ne cesse d'élaborer. On pourrait alors être tenté d'en inférer que la Nature est l'école de la loi, puisqu'elle en montre les deux caractères principaux : universalité et sanction.
Mais l'étude du genre de la "nature morte" vient, pour finir, confirmer une intuition qui affleurait déjà dans les chapitres antécédents : parce que la Nature se présente comme un ensemble de processus incessants, la prétention de la fixer est par principe voué à l'échec, ce que l'art n'accepte pas.