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1953. Le communiste Amerigo est délégué par son Parti pour surveiller la régularité des votes à l'intérieur d'un énorme hospice religieux de Turin, le Cottolengo. C'est l'expérience et la rumination d'Amerigo tout au long de cette journée qui nous sont ici livrées. Dans la description narquoise des membres du Bureau ; dans la description pathétique ou horrifiée de ces électeurs difformes, ahuris, effarés, perdus ; dans une rêverie attendrie sur la grâce des photographies de religieuses - on retrouvera tout l'art de Calvino, ses qualités de dessinateur.
Mais il y a plus, et c'est à l'intérieur d'une interrogation, dans les méandres d'une inquiétude, que Calvino nous conduit. Dûment endoctrinés, les débiles votent pour la Démocratie chrétienne, bien souvent sans comprendre ce qu'ils font ou même qui ils sont. Mais comment s'opposer à ce trucage ? Faudra-t-il, contre les principes de la démocratie, dire que les pensionnaires ne sont pas pleinement des hommes ? Et dans ce cas, où tracer la limite de l'homme ? Ou encore : le Cottolengo est dans la société une enclave ; mais peut-on nier qu'avec son organisation propre, il constitue une cité à sa façon, et qui conteste l'autre ? Nombre de certitudes trop simples, au fil de la journée, dans l'esprit d'Amerigo se défont.
Et il n'est pas sans importance que, dans la scène où culmine ce récit, la réponse à la question des limites de l'homme soit fournie par le geste d'un paysan qui tend à son fils, crétin, des amandes.
