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Dans l'inconscient collectif, la graisse occupe une place ambigüe et reste une substance phénoménologiquement dégoûtante par son absence de forme et dangereuse par sa capacité à transformer l'apparence. Reléguée au statut de "pourriture" et de "déchet" organique depuis l'Antiquité, nos imaginaires dystopiques abordent la graisse comme une malédiction qui proliférerait irréversiblement. De nos jours, elle fait l'objet d'un acharnement technique et social qui vise à la retirer du corps humain et des représentations culturelles.
Néanmoins, nous assistons aujourd'hui à la naissance de mouvements sociaux et de procédés techniques qui la revalorisent et font bouger les regards. La découverte de cellules-souches dans le tissu adipeux témoigne d'un tournant culturel qui fait de la graisse un "or lipidique" à stocker dans des biobanques. Parallèlement les initiatives activistes visant à embrasser la puissance de la graisse et à penser sa force politique, fleurissent.
La société serait-elle prête à changer de regard ? Cet essai propose de recontextualiser l'histoire des imaginaires et des techniques liés à la graisse, dans le but de nous libérer de nos croyances limitantes.