Adriana est une jeune Roumaine, exilée en Belgique, qui a subi un viol collectif dans son village natal. Elle a confié son fils, Cosmin, à ses parents, qui vivent dans son pays d’origine. Elle vient le voir deux fois par an. A Bruxelles, elle est la nounou d’une enfant âgée de six ans, Mathilde, la fille d’expatriés allemands. Cette petite est délaissée par ses parents qui s’en remettent à leur employée. Le père, Stefan, est rigide et il impose son mode de vie à sa famille. La mère, Nina, est une psychologue au bord du burn-out, qui ne s’épanouit ni dans sa vie professionnelle,
ni dans sa vie personnelle. Adriana, non plus, n’est pas heureuse. Il lui faut souvent se contenir, dominer sa colère, alors qu’une « boule dure dans le ventre, compacte, grossit, prête à exploser un jour » (p. 10), cette boule cogne dans tout son corps, à mesure que la jeune femme contrôle ses émotions. La seule stabilité dans sa vie est sa relation avec Gaston. Il est un jeune homme droit, qui regrette que sa petite amie se livre peu. Suite à une glissade, Dorina, la mère d’Adriana, a la jambe plâtrée et doit rester immobilisée. Aussi, son père, Mihai, lui demande de garder Cosmin, pendant un ou deux mois. Le petit se réjouit. Hélas, à son arrivée, il perçoit qu’il n’y a pas de place pour lui dans la vie de sa maman.
Tous les personnages s’expriment et deviennent, tour à tour, le narrateur. Leur perception est teintée de leur vécu, de leur âge et de ce qu’ils connaissent des évènements. Chacun pense détenir la vérité et se laisse envahir par ses préjugés. Chacun se montre exaspérant et sans empathie, à certains moments, avant de révéler ses failles, ses douleurs et de réveiller son cœur. Les plus émouvants sont les enfants. Cela m’a fait mal que la petite Mathilde soit considérée comme une enfant capricieuse et chouineuse, alors que c’est simplement une gamine qui demande l’attention qu’elle mérite. Le petit Cosmin est émouvant. Il est heureux auprès de ses grands-parents, cependant, il espère beaucoup de son séjour, en Belgique. Hélas, sa maman accepte difficilement sa présence et il en souffre. Les adultes se débattent dans leurs problèmes de grands et, par leur manque de disponibilité, font des bleus aux cœurs des petits. Et pourtant, ceux qui feront le plus pour eux, à la fin, ne sont pas ceux que l’on pouvait imaginer tenir ce rôle.
La fragilité des funambules est un roman à plusieurs voix qui montrent qu’une histoire a plusieurs versions et que le vécu influe sur le ressenti. L’atmosphère est brumeuse, mais elle est percée de l’éclaircie de certaines prises de conscience et d’actes spontanés qui évitent les drames et font espérer à un futur plus tendre. J’ai bien aimé ce livre. Mon seul regret est que le passé de certains personnages ne soit pas plus creusé afin de mieux les approcher. Cependant, je comprends ce choix de la suggestion qui appuie le fait que nous sommes souvent sur un fil et que les évènements, mais aussi, notre personnalité, fait que l’on bascule d’un côté ou de l’autre, sans que l’on puisse nous juger.
Plusieurs versions pour la même histoire
Adriana est une jeune Roumaine, exilée en Belgique, qui a subi un viol collectif dans son village natal. Elle a confié son fils, Cosmin, à ses parents, qui vivent dans son pays d’origine. Elle vient le voir deux fois par an. A Bruxelles, elle est la nounou d’une enfant âgée de six ans, Mathilde, la fille d’expatriés allemands. Cette petite est délaissée par ses parents qui s’en remettent à leur employée. Le père, Stefan, est rigide et il impose son mode de vie à sa famille. La mère, Nina, est une psychologue au bord du burn-out, qui ne s’épanouit ni dans sa vie professionnelle, ni dans sa vie personnelle. Adriana, non plus, n’est pas heureuse. Il lui faut souvent se contenir, dominer sa colère, alors qu’une « boule dure dans le ventre, compacte, grossit, prête à exploser un jour » (p. 10), cette boule cogne dans tout son corps, à mesure que la jeune femme contrôle ses émotions. La seule stabilité dans sa vie est sa relation avec Gaston. Il est un jeune homme droit, qui regrette que sa petite amie se livre peu. Suite à une glissade, Dorina, la mère d’Adriana, a la jambe plâtrée et doit rester immobilisée. Aussi, son père, Mihai, lui demande de garder Cosmin, pendant un ou deux mois. Le petit se réjouit. Hélas, à son arrivée, il perçoit qu’il n’y a pas de place pour lui dans la vie de sa maman.
Tous les personnages s’expriment et deviennent, tour à tour, le narrateur. Leur perception est teintée de leur vécu, de leur âge et de ce qu’ils connaissent des évènements. Chacun pense détenir la vérité et se laisse envahir par ses préjugés. Chacun se montre exaspérant et sans empathie, à certains moments, avant de révéler ses failles, ses douleurs et de réveiller son cœur. Les plus émouvants sont les enfants. Cela m’a fait mal que la petite Mathilde soit considérée comme une enfant capricieuse et chouineuse, alors que c’est simplement une gamine qui demande l’attention qu’elle mérite. Le petit Cosmin est émouvant. Il est heureux auprès de ses grands-parents, cependant, il espère beaucoup de son séjour, en Belgique. Hélas, sa maman accepte difficilement sa présence et il en souffre. Les adultes se débattent dans leurs problèmes de grands et, par leur manque de disponibilité, font des bleus aux cœurs des petits. Et pourtant, ceux qui feront le plus pour eux, à la fin, ne sont pas ceux que l’on pouvait imaginer tenir ce rôle.
La fragilité des funambules est un roman à plusieurs voix qui montrent qu’une histoire a plusieurs versions et que le vécu influe sur le ressenti. L’atmosphère est brumeuse, mais elle est percée de l’éclaircie de certaines prises de conscience et d’actes spontanés qui évitent les drames et font espérer à un futur plus tendre. J’ai bien aimé ce livre. Mon seul regret est que le passé de certains personnages ne soit pas plus creusé afin de mieux les approcher. Cependant, je comprends ce choix de la suggestion qui appuie le fait que nous sommes souvent sur un fil et que les évènements, mais aussi, notre personnalité, fait que l’on bascule d’un côté ou de l’autre, sans que l’on puisse nous juger.