Rachel Clayborne est une jeune femme dans la trentaine, et dont la vie semble très peu épanouie… Elle n'a jamais vraiment voulu se marier et avoir d'enfant, et pourtant elle s'est retrouvée mariée à Michael, un homme dont elle se sent de moins en moins proche, et mère d'une petite fille de quelques mois, Deirdre. Elle n'a pas à se plaindre de sa vie, mais tout lui échappe, rien ne lui convient, et tout est exacerbé par l'épuisement de la maternité. Alors, une nuit, elle prend sa fille sous le bras et décide de retourner à la Ferme, où habite Maddy, sa grand-mère. La Ferme, c'est
le lieu où elle se sent chez elle et où sont tous ses meilleurs souvenirs. Mais elle n'y ait pas retournée depuis des années, sur l'insistance de son mari. Mais sa grand-mère étant mourante, Rachel veut passer un peu de temps avec elle. Là-bas, elle apprendra que sa grand-mère souhaite léguer cette terre à Diane, son aide-soignante, dont les ancêtres Ojibwés ont été spoliés de cette propriété. Elle réalisera également beaucoup de choses sur sa propre famille, qui a des liens avec le barrage, une construction qui divise l'opinion. Et enfin, elle retrouvera Joe, le fils de Diane, celui qui a été son premier amour…
La Crue est un livre très riche, qui aborde de nombreuses thématiques, toutes plus intéressantes les unes que les autres : comment les Indiens ont été spoliés de leurs terres et de bien d'autres choses ; les liens qui unissent certaines personnes à un bout de terre bien précis et de manière plus large l'appartenance à un endroit ou à un milieu ; les retrouvailles avec un premier amour qui n'a jamais eu de clôture ; les liens familiaux ; l'écologie avec ce fameux barrage, qui a de nombreuses conséquences sur l'environnement… Tous ces sujets sont passionnants, mais j'ai été particulièrement touchée par la vie de Rachel, et comment elle s'est retrouvée à avoir un mari, une enfant, et à travailler sur un sujet de thèse qui n'est pas le sien. La jeune femme s'est retrouvée embarquée dans cette vie car elle a pris une mauvaise route, n'a pas su dire non parfois, a fait ce qu'on "attendait" d'elle… Ne désirant pas avoir d'enfant, je ne peux que compatir devant sa colère, son angoisse et son égarement. Je pense que si j'étais dans la même situation qu'elle, j'aurais très vite été en burn-out et j'aurais vraiment tout envoyé valser ! Elle n'est peut-être pas l'épouse ou la mère idéale, mais elle s'accroche, elle fait de son mieux, et malgré ses erreurs – qui n'en fait pas ? – elle tente de faire le meilleur pour sa fille. Mais Rachel va apprendre à faire aussi ce qui est le mieux pour elle : tout d'abord en se posant des questions sur ce qu'elle désire réellement ! Le fait de repartir à la Ferme, de revoir Maddy et Joe, de se confronter à Rachel, va lui ouvrir les yeux sur de nombreux sujets.
Ce que j'ai également apprécié dans La Crue, c'est sa narration : nous n'allons pas suivre seulement Rachel, nous allons également nous plonger dans les pensées de Joe, de Rachel, de Maddy. Le fait d'avoir accès à plusieurs fois nous montre toute une palette de sentiments et de réflexions, et qu'aucun personnages n'est tout noir ou tout blanc. Ils ont tous une personnalité, une vie, des sentiments très riches auxquels nous pouvons parfaitement nous identifier. Et cela donne un récit très vivant et bouleversant !
Je recommande vivement La Crue, c'est un récit qui m'a profondément marquée !
Amy Hassinger
Au milieu de la nuit, Rachel emmène sa fille, encore bébé, et quitte le domicile conjugal. Fuir un mari avec qui ça ne marche plus vraiment, rendre visite à sa grand-mère, vieille et malade, à quelques heures de là. Lui présenter l'enfant et mettre le fin mot sur cette histoire : veut-elle vraiment léguer la ferme familiale à son aide soignante d'origine Ojibwé, faut-il rendre la terre à ses propriétaires d'origine ?
A travers le portrait touchant de ces trois femmes et leurs dilemmes, Hassinger livre cette belle fresque familiale, ode sensible à la transmission, à nos origines, à la nature.