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Il a existé un paradigme de la démarche dialectique en philosophie, illustré par une succession continue d'auteurs, entre Platon et Lacan. Ce paradigme concerne un noyau rationnel de la contradiction formé de trois temps : une double composante statique (structure) et dynamique (mouvement), ainsi que l'articulation de ces deux versants en un produit. C'est de ce paradigme de la contradiction dialectique que la philosophie en France ne semble plus avoir su faire usage dans la période consécutive à 1968.
L'usure de ce paradigme d'origine judaïque, grecque, française et germanique aurait alors cédé la place à l'invasion des variantes d'un hyper-empirisme anglo-américain, scientiste, opportuniste et niveleur. Ce mouvement aurait été servi en France par l'expansion de l'idéologie structuraliste postérieure aux années 60. Lacan semble à peu près le seul parmi ses contemporains à avoir maintenu et enrichi les traits de ce paradigme dialectique par sa démarche de pensée, sous forme d'un hypermodèle transdialectique 2/3/4.
Le désenchantement à l'égard de ce paradigme se perçoit de façon significative dans le remarquable panorama qui a été produit de la philosophie française entre 1960 et 2000 par Alain Badiou (2008, 2013). Le déclin de ce paradigme comporte le corollaire d'un effacement de l'humanisme européen traditionnel, dont relèvent à la fois la mise en question de la psychanalyse, l'intrusion d'un mode de pensée convenant à l'homme cybermachine, et la nouvelle nosologie biologisante en psychiatrie.
Ce livre est écrit en jumelage avec un second, intitulé Althusser et quelques autres, Notes de cours 1958-1959 : Hyppolite, Badiou, Lacan, Hegel, Marx, Alain, Wallon.