M.A a tout pour être heureuse, un gentil mari, trois beaux enfants, un bon travail et un petit pavillon dans une jolie banlieue. Et pourtant, il lui manque toujours quelque chose. Il lui semble que son bonheur n'est pas absolu. Alors, elle multiplie les expériences, les tentatives et les échappatoires : elle trompe son mari, se lance dans l'humanitaire, le yoga, les sorties culturelles et même la rédaction de petits poèmes. Toute petite, déjà, elle s'ennuyait ferme... Velléitaire, frustrée et inassouvie, trouvera-t-elle un jour plénitude et accomplissement ?
« La condition pavillonnaire »
retrace la totalité d'une vie de femme au sein de sa famille. Ainsi suit-on M.A de l'enfance à la mort. Une existence normale, banale, celle d'une Madame Tout le Monde de la classe moyenne. Avec un thème aussi peu porteur, Sophie Divry réussit le tour de force d'intéresser et même de passionner le lecteur grâce à son regard acéré ou décalé et à la pertinence de ses observations et constations. Au fil des pages, on ne peut que s'identifier aux principaux personnages, M.A. dans sa quête désespérée mais également François, le brave compagnon ou Philippe l'amant égoïste tellement ceux-ci semblent proches de nous. D'une certaine façon leur histoire c'est un peu notre histoire. Ou comment la banalité peut devenir surprenante et même originale. Nul doute que le style fluide et agréable de l'auteur ne gâche rien même si l'on peut regretter une navigation hasardeuse entre les temps de la conjugaison et quelques descriptions inutilement triviales (« comment faire un créneau » ou « comment programmer un magnétoscope ») que l'on classera dans la rubrique « fantaisie d'artiste » !
frustration continue
Si s'astreindre à lire ces tutoiements obsessionnels et interminables et cette fastidieuse litanie des communs font partie de la condition pavillonnaire, alors, oui, je pense qu'il vaut mieux l'éviter.
On s'attend au départ à devoir sans doute décoller et s'envoler ensuite, mais non, "nous" serons obligé de boire la lie jusqu'au bout, dans une déception sans doute aussi morose que cette vie où il ne se passe rien, rien du tout, pas même l'espoir d'une rébellion d'esclave, ou le soupçon d'une prise de conscience quelconque.