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C'est avec une terrible soif de vengeance, après les exactions commises par les allemands en Russie, que l'Armée rouge atteint les frontières du Reich en janvier 1945, puis s'approche inexorablement de Berlin, "l'antre de la bête fasciste" . Et cette vengeance sera effroyable : villes et villages anéantis, civils écrasés par les chenilles des chars, meurtres en série, pillage systématique. Des centaines de milliers de femmes et d'enfants périssent, souvent de faim ou de froid, et plus de sept millions de personnes s'enfuient vers l'ouest pour tenter d'échapper à la mort et à la terreur.
Le viol devient systémique, de sorte que pas moins de deux millions d'Allemandes en sont victimes - chiffre corroboré par les rapports secrets que le NKVD envoie à Moscou. Pour avoir révélé dans ce livre l'ampleur du phénomène, Antony Beevor fut accusé de diffamer l'Armée rouge et déclaré persona non grata en Russie par Vladimir Poutine. Hitler, confiné dans son bunker souterrain, à moitié fou, veut orchestrer le Götterdämmerung d'un peuple allemand qu'il estime n'avoir pas été à la hauteur du destin qu'il lui assignait.
Les Berlinois paieront de leur vie par dizaines de milliers le fanatisme suicidaire du Führer, tandis que Staline prépare déjà l'après-guerre en cherchant à mettre la main sur l'arme nucléaire que préparait le Reich dans un laboratoire secret dans la banlieue sud de Berlin. S'appuyant sur des archives souvent inédites, Antony Beevor nous livre non seulement un document historique capital, mais aussi un grand récit tragique et poignant, où l'on voit se déchaîner, portées à leur paroxysme, toutes les passions humaines.
Indispensable et fascinant
Auteur d’un précédent ouvrage sur Stalingrad, Antony Beevor, historien anglais après avoir été officier de carrière, nous propose ici la relation en détails des cinq derniers mois de la Seconde Guerre mondiale. Le but de cet ouvrage est de nous présenter les circonstances de la chute des hommes et des systèmes politiques, circonstances révélatrices de ce qu’ils ont été.
S’appuyant sur un nombre impressionnant de documents d’archives russes, allemands, anglais… et sur le courrier échangé par les soldats de tous les camps avec leurs familles, il s’efforce de raconter les circonstances de cette effroyable tragédie que furent les derniers jours de Berlin en 45. Donnant tour à tour le point de vue allemand et russe puis celui des alliés occidentaux, il nous fait revivre jour après jour, presque heure par heure, la progression des uns et des autres et les sentiments multiples vécus par la population civile et les soldats de chaque camp.
Fruit de recherches minutieuses, cet ouvrage fait preuve d’un formidable esprit de synthèse et d’une écriture pertinente rendant le moindre détail intéressant. Emportée par ma lecture, j’ai dévoré ces près de 500 pages en trois jours, sans jamais trouver le récit pesant. (Il n’en va pas de même des faits)
Ce livre fascinant nous permet de comprendre un peu mieux les circonstances de la chute de Berlin. On côtoie le fanatisme des uns et des autres, l’effroyable impuissance des civils, le conditionnement infernal des militaires et la manipulation de tous par les chefs d’Etats. On se rend compte aussi de l’incroyable incapacité d’Hitler et de son état-major à proposer et gérer la moindre stratégie militaire.
On y apprend aussi, par exemple, que Berlin comptait en 45 près de trois millions et demi d’habitants (dont 120 000 enfants en bas âge) bien plus que ne pouvaient en accepter les abris anti-aériens et les couloirs de métro. Les étrangers avaient donc obligation de porter sur leurs vêtements l’initiale de leur pays d’origine et interdiction de pénétrer dans ces abris. Ou encore que cette population affamée, ne disposait quasiment d’aucune nourriture alors qu’en périphérie, les dépôts de vivres, vulnérables à la moindre attaques, regorgeaient de nourriture. On y voit comment Staline lança dans l’offensive six millions sept cent mille soldats dont trois cent mille furent atrocement mutilés. Après avoir reçu, à leur retour des prothèses en bois datant de 1812, ils furent désignés « persona non grata » dans les rues des villes russes, raflés et déportés dans l’extrême nord, comme s’ils étaient des criminels. Et que dire de l’atroce situation des femmes…
Un livre fascinant et surtout indispensable pour ceux qui s’intéressent à cette période de notre histoire ou cherchent à comprendre l’histoire contemporaine de l’Europe. Car sans comprendre la Seconde Guerre mondiale, on ne peut rien comprendre des problèmes d’aujourd’hui.