Né en 1856, mort en 1937, Tomas O'Crohan, pêcheur et paysan des îles Blasket, écrivit " L'homme des îles " en gaélique vers 1925, sous forme de lettres à un ami. Témoignage précis et poignant de ce qu'était alors la vie des quelque 160 habitants de la " dernière paroisse avant l'Amérique ", " L'homme des îles suscita dès sa parution une émotion considérable, seulement comparable à celle qui salua en France " Le cheval d'orgueil ", Heinrich Böll, en Allemagne, s'en fit le traducteur enthousiaste. Le livre est aujourd'hui unanimement tenu pour un classique: le chef-d'œuvre de la littérature gaélique du XXè siècle.
Dans sa simplicité même, O'Crohan est le porte-parole d'une culture que les misères de l'histoire ont vainement tenté d'effacer. Rude et tendre, naïf et plein d'humour, il nous présente famille et voisins en traits inoubliables. Avec lui, on chante, on boit, on rame, on se bagarre, on souffre, on pardonne, on pêche le homard, on chasse le lapin, le phoque, la baleine, le requin, on découvre les sortilèges d'une civilisation baignée d'embruns, de wiskey, de bière noire et de musique. Et l'on rit. Beaucoup.
" L'homme des îles " chante la liberté, la dignité du travail, l'humilité de la condition humaine et sa grandeur. Le gouvernement irlandais a fait évacuer le Grand Blasket en 1953, mais l'île où Tomas O'Crohan, l'écrivain aux mains calleuses, vécut toute son existence, n'a pas fini de nous faire rêver.